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Interview du secrétaire général du Mouvement du 11 août : “Reconnaitre les erreurs passées et pardonner”

Interview du secrétaire général du Mouvement du 11 août : “Reconnaitre les erreurs passées et pardonner”

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Récupération supposée des assises nationales par le pouvoir en place, contestation du Cpan, assises insulaires défendues par le gouverneur Salami, manque de représentativité de la diaspora, le secrétaire général exécutif provisoire du Mouvement du 11 août, Oussein Saïd Mohamed, a accepté de répondre à nos questions. Sans langue de bois. Interview.

 


Vous avez publié uneRencontres cap digital 2013 dernier dans laquelle vous avez fustigé “les déclarations offensives prononcées par les membres du gouvernement qui menacent et tranchent  les questions relatives aux assises sans en avoir le droit”,  votre déclaration est allée jusqu’à demander,  le but poursuivi par le président  Azali, “de vraies assises nationales ou des assises de l’Etat maquillées”. Pourriez-vous nous donner plus de précisions ?


 

Il nous faut, il est vrai, clarifier certains points. Nous réaffirmons effectivement que les déclarations qui ont été tenues ces derniers jours par certains membres du gouvernement disant par exemple que la tournante sera supprimée peut prêter à confusion. Tout comme le climat qui prévaut avec l’arrestation des citoyens, qui ont de toutes les façons le droit de s’exprimer,  pourrait à raison, être source d’inquiétudes. 

Le M11 et sans doute, une majorité de comoriens souhaitent que le climat soit apaisé. Il est tout aussi vrai que l’attitude de certaines autorités alimente la suspicion,  si bien que beaucoup croient (ce dont nous doutons fortement) , le fait que le président de la République voudrait faire des assises nationales “maquillées”.

 


Le Comité de pilotage des assises nationales est aujourd’hui décrié. Récemment, des personnalités politiques ont publié un mémorandum qui dénonçait entre autres, sa composition. Quelle est la position du M11 par rapport à leur revendication ?


 

Nous comprenons leur position.  Nous avons eu des échanges avec eux. Et au cours de ces derniers, nous leur avons fait comprendre qu’une représentation île par île était inconcevable. Nous devons, lors des assises nationales, arborer un seul drapeau et ce sera le drapeau de l’Etat comorien. Attention, la nation comorienne sera représentée dans son ensemble, c’est une évidence.

Si jusqu’à présent, le décret des membres du Cpan n’a pas été publié c’est parce que nous voulons  que l’aspect fédéral du pays soit respecté. Aucun grand-comorien, anjouanais, mohélien ou mahorais ne doit se sentir lésé. Nous travaillons dur pour cela.

Je tiens à ajouter par ailleurs, que le Cpan ne décidera de rien comme entendu ici et là. Il sera plutôt l’organe technique et organisationnel des assises. Il aura pour mission de définir l’agenda, les thèmes qui y seront débattus, etc.

 


De nombreuses voix s’élèvent ces derniers temps pour dénoncer une récupération des assises nationales par le pouvoir en place.


 

Certaines personnes le disent mais elles ont tort. Nous sommes les initiateurs des assises. Dans le cadre de la commission mixte mise en place, les membres du M11 travaillent avec les membres du gouvernement.

Il y a une collaboration mais nous ne sommes inféodés à qui que ce soit. Tout ce que je peux vous dire est que nous allons nous battre pour que les assises soient neutres et indépendantes. Nous en avons longuement discuté avec le président de la République et certains membres du gouvernement. Tout comme nous nous sommes battus pour que le Cpan le soit.

 


Il se dit par ailleurs que la date des assises qui devaient avoir lieu en décembre a été repoussée, le confirmez-vous ?


 

Seul le Cpan, une fois qu’il sera mis en place, décidera du calendrier.

 


La diaspora se plaint de ne pas être suffisamment impliquée dans ce grand rendez-vous des forces vives de la nation. Reconnaissez-vous une erreur ? Sinon comment justifiez vous cette mise à l’écart d’un acteur aussi important de l’économie nationale ?


 

Ce fut une erreur. Pourtant, dès le début, nous avons tenu à ce que la diaspora soit représentée. D’ailleurs dans tous les documents que nous avons rédigés, nous en avons fait mention. L’erreur est humaine mais ce n’est pas faute d’avoir compris l’importance qu’elle revêt.

Nous disons qu’il faut qu’elle fasse partie du Cpan et qu’elle prenne part aux assises. Et nous espérons qu’effectivement, elle y sera représentée. Qu’elle fasse partie du Cpan, nous paraît évident.

 


De quelles garanties disposez-vous pour la mise en œuvre des recommandations issues de ces assises ?


 

La première garantie, ce sont les parties prenantes. La société civile et les partis politiques qui vont participer à ces assises doivent savoir que les résolutions qui en seront issues doivent être défendues. Je sais par ailleurs, qu’il est question de mettre en place après leur tenue, des commissions de suivie et de mise en œuvre.  Je pense aussi que le fait que le président de la République ait parlé des assises lors de la dernière assemblée générale des Nations unies est un gage que les résolutions seront respectées.

 


Certains estiment qu’au lieu de consacrer tant d’énergie pour tracer un bilan, il serait plus judicieux de profiter de ce forum pour tracer les grandes lignes de l’avenir et réfléchir sur les Comores de demain. Qu’en pensez-vous ?


 

Peut-on réellement tracer les grandes lignes sans revenir sur le passé ? 42 ans d’indépendance, en faire le bilan pour que nous puissions définir de meilleures perspectives d’avenir. Nous avons connu des périodes très sombres comme le mercenariat ou le séparatisme.

Il nous faudra des auditions pour comprendre ce qui s’est passé pour éviter que cela se reproduise, ce n’est qu’ainsi que nous pourrons tracer raisonnablement l’avenir. Tout cela dans un esprit de fraternité. Il ne s’agira pas de nous battre entre nous, ou d’en faire un tribunal.

 


Dresser le bilan des 42 ans d’indépendance signifie que les responsabilités historiques des uns et des autres quant à la gestion de l’Etat seront pointées. Doit on s’attendre à des poursuites judiciaires ?


 

Si nous voulons un pays uni, il nous faut extirper les germes du séparatisme, tirer les leçons du mercenariat. Pour ce faire, il faudra à un moment, interpeller un régime ou haut responsable de ce régime-là pour que cela ne puisse plus avoir lieu demain.

 

Les assises ne seront pas un tribunal. Il est peut-être prématuré de le dire mais je ne pense pas qu’il y aura des poursuites judiciaires.  Il s’agit de reconnaître les erreurs qui ont été faites,  les crimes qui ont été commis. Et se pardonner. L’important, c’est cela. Pardonner. Ne pas oublier mais savoir pardonner.

 


Avant d’en arriver aux assises nationales, le gouverneur de Ndzuani entend organiser d’abord des assises insulaires pour élaborer une plateforme des attentes et propositions de l’île. Selon vous, est-ce une bonne ou une mauvaise idée ?


 

Le M11 a eu l’occasion de rencontrer le gouverneur de l’île de Ndzuani, le docteur Salami.  Nous avons eu à discuter des assises . Je ne vois pas pourquoi, il y aurait une assise régionale là-bas puisque nous avons prévu des consultations citoyennes préparatoires aux assises. Les thèmes qui ont été identifiés seront discutés au niveau de toutes les îles et au niveau de la diaspora.

Chacun pourra s’exprimer. S’il y a des problèmes spécifiques à une île, ils seront évoqués et débattus. Quand nous aurons recueilli les avis des uns et des autres, un document sera élaboré et synthétisé pour un débat au niveau national.

 

 

 

Propos recueillis par

Fsy

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