Â
Al-watwan : Quelle est la suite Ă donner aux assises ?
Youssoufa Mohamed Ali : Avant dâen arriver lĂ , il faut que lâon comprenne quâil y a eu quelque chose dâextrĂȘmement important lors des assises. Voyez-vous, elles ont permis de dresser un diagnostic complet de la situation politique, Ă©conomique et sociale. Des recommandations ont Ă©tĂ© Ă©mises Ă tous les niveaux. De lâassainissement des finances publiques, de lâaugmentation de la croissance du pays ou encore de la maitrise de la masse salariale, etc. Sur le plan institutionnel, il y a eu un diagnostic tout aussi important.
Le constat est le suivant : lâEtat ne parvient pas Ă rĂ©pondre aux prĂ©occupations de la population, de par sa faiblesse et parce quâil est gangrenĂ© par ses propres contradictions et des conflits de compĂ©tence qui nous empĂȘchent dâavancer.
La solution prĂ©conisĂ©e lors des assises Ă©tait que nous ayons un Etat fort, dĂ©centralisĂ© et dĂ©concentrĂ©, lequel doit diminuer ses charges de fonctionnement. Et câest dans cet ordre dâidĂ©es, que la suppression des postes de vice-prĂ©sident et des conseillers des Ăźles, tout en maintenant une autonomie importante des gouverneurs qui seront bien sĂ»r Ă©lus, a Ă©tĂ© prĂ©conisĂ©e. Autre point important, câest la religion. Le pays doit se doter dâune seule religion et des mĂȘmes pratiques. Tout comme, nous devons lutter contre les vellĂ©itĂ©s sĂ©paratistes. Toujours est-il que le pays est aujourdâhui outillĂ© dâun programme qui lui permettra dâatteindre lâĂ©mergence. Avec le lancement dâinfrastructures de grande envergure, comme les routes, les ports, les aĂ©roports, etc.Â
Est-ce que ces recommandations font lâobjet dâune Ă©laboration pour la nouvelle charpente constitutionnelle ?
Il y a une commission dâexperts qui essaiera dâharmoniser ces recommandations. Elle travaille Ă bĂątir une nouvelle charpente constitutionnelle, une fois que ce sera fini, nous allons la soumettre au peuple comorien par un congrĂšs ou par voie rĂ©fĂ©rendaire.
Est ce quâil y a des dates pour la convocation du rĂ©fĂ©rendum ou du congrĂšs, avezâvous des Ă©chĂ©ances Ă respecter ?
Le document est en train dâĂȘtre travaillĂ©. Il nây a pas de date fixĂ©e et le timing dĂ©pendra de la durĂ©e que prendra lâĂ©laboration du projet de rĂ©vision. Je ne peux me permettre dâavancer un calendrier mais je pense quâil serait mieux que la convocation ait lieu avant la fin de lâannĂ©e.
Vous parlez de la suppression des vice-présidents, devons-nous nous attendre à une remise à plat des mandats actuels ?
Le prĂ©sident a Ă©tĂ© Ă©lu avec les vice-prĂ©sidents sâil y a suppression de ces derniers, il y aura des Ă©lections, oui. On ne peut pas faire des Ă©lections prĂ©sidentielles sans celles des gouverneurs. Le mandat devra ĂȘtre de 5 ans, renouvelable une fois.
On parle dâun transfert des compĂ©tences de la Cour constitutionnelle vers la Cour suprĂȘme, quel en sera le procĂ©dĂ© ?
Les juristes sont en train de travailler sur cette problĂ©matique. Vous savez, toutes les personnes qui ont assistĂ© aux travaux lors des assises, ont ciblĂ© la Cour constitutionnelle, notamment sur la façon dont ses membres travaillaient. Ils ont demandĂ© la suppression de la Cour et dâintĂ©grer une chambre au niveau de la Cour suprĂȘme. Maintenant, il reste Ă dĂ©terminer les modalitĂ©s de ce transfert. Les experts vont se rĂ©fĂ©rer Ă lâexemple dâautres pays. Ils vont nous proposer les diffĂ©rents scĂ©narios possibles.
Salami ne parvient pas Ă distinguer son rĂŽle de chef dâexĂ©cutif de lâile et de militant. Nous ne sommes pas obligĂ©s dâĂȘtre amis mais nous sommes condamnĂ©s Ă collaborer ensemble.â
Pour ce qui est de la situation qui prévaut à Mayotte, quelle est la position du gouvernement par rapport aux expulsions ?
Dâabord, le ministre des Affaires Ă©trangĂšres et celui de lâIntĂ©rieur ont effectuĂ© un travail important. Ils ont saisi le gouvernement français pour leur demander dâassurer la sĂ©curitĂ© de toutes les personnes, ainsi que celle de leur bien. Si lâEtat français nâest pas capable dâassurer la sĂ©curitĂ©, quâelle nous remette les clĂ©s. La dĂ©claration de Souef Mohamed El-Amine reflĂšte exactement la position du gouvernement. La note circulaire envoyĂ©e aux compagnies maritimes et aĂ©riennes interdisant lâembarquement des comoriens dans leurs appareils, reflĂšte la position du gouvernement. Dans le mĂȘme temps, nous sommes conscients que nous devons discuter clairement avec les autoritĂ©s françaises par rapport Ă la question de Mayotte. Tout ce que nous espĂ©rons, câest que la paix qui a cours dans cette partie du pays, ait Ă©galement cours dans lâĂźle comorienne de Mayotte.
On parle dâun parti unique qui va regrouper les principales formations qui soutiennent la politique du chef de lâEtat, oĂč en est cette dĂ©marche ?
Tous les partis qui ont soutenu lâidĂ©e du Mouvement du 11 aoĂ»t, appuyĂ©e par le prĂ©sident de la RĂ©publique ont dit que les assises ont Ă©tĂ© une rĂ©ussite. Ils se sont retrouvĂ©s pour se fĂ©liciter et ont Ă©galement Ă©tĂ© reçus par le prĂ©sident de la RĂ©publique. Maintenant, rien nâest arrĂȘtĂ©. . Alliance, fusion, ou une forme de partenariat, tout est possible. Et puis, les partis sont obligĂ©s de se retrouver. Avec la nouvelle charpente constitutionnelle, qui verra lâabsence des vice-prĂ©sidents, il nous faut des formations politiques, fortes et ancrĂ©es au niveau du territoire national. Le rassemblement est obligatoire. Les partis fantĂŽmes constituĂ©s dâune ou deux personnes sont dĂ©jĂ morts. Nous sommes obligĂ©s de nous allier, quâelle quâen soit la forme.
Vous faites comme si la réforme constitutionnelle était déjà acceptée par les comoriens ?
Je ne sais pas mais jâespĂšre que ça va passer. La population comorienne a Ă©tĂ© fortement reprĂ©sentĂ©e lors des assises nationales. Et je suis certain quâelle va se battre jusquâau bout. La rĂ©forme constitutionnelle passera, câest mon vĆu et ce serait logique. La population a adhĂ©rĂ© aux conclusions des assises, qui ne sont pas celles du prĂ©sident de la RĂ©publique, comme entendu ici et lĂ . Dâautres disaient que les assises avaient pour seul but, la pĂ©rennisation du prĂ©sident au pouvoir et de supprimer la tournante, alors quâencore une fois, ce nâest pas le cas.
Quelles sont les relations de lâUnion avec le gouverneur de lâĂźle autonome de Ndzuani ?
Nous aimerions que le gouverneur cesse de se comporter en leader du Juwa et vĂȘtisse les habits du gouverneur quâil est. Souvenez-vous, sous Azali I, il y avait des tiraillements avec les anciens prĂ©sidents El-Bak et Fazul et cela nâavait pas empĂȘchĂ© les institutions de fonctionner. Et Azali nâa pas tentĂ© de dĂ©loger El-Bak par lâarmĂ©e. Il est normal quâil y ait des contradictions mais encore faudrait-il avoir les capacitĂ©s de les surmonter afin de trouver des solutions pour pouvoir avancer. Salami ne parvient pas Ă distinguer son rĂŽle de chef dâexĂ©cutif de lâile et de militant. Nous ne sommes pas obligĂ©s dâĂȘtre amis mais nous sommes condamnĂ©s Ă collaborer . Nous ne sommes pas du mĂȘme bord politique que les gouverneurs Hassan Hamadi ou Mohamed Fazul mais cela ne nous a jamais empĂȘchĂ©s de travailler ensemble.
Lire aussi : Rencontre femme sexe gers
Â
Â