Alors que les deux organisations, Union africaine (ua) et Cedeao (Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest), ont rapidement condamné le coup d'État au Niger et exprimé leur désir de voir rétabli l'ordre constitutionnel, leur manière d'aborder la crise diffère profondément. La Cédéao a initialement envisagé une intervention militaire pour restaurer l'ordre. Cependant, cette option a été écartée le mercredi par l’Ua au profit d'une approche diplomatique. L’Union africaine invoque des préoccupations humanitaires et sécuritaires. Cette orientation révèle les préoccupations de cette dernière quant aux conséquences potentiellement désastreuses d'une intervention armée, notamment sur les civils et la stabilité régionale.
De son côté, la Cédéao a adopté une position plus déterminée, plaidant pour une intervention militaire immédiate afin de résoudre la crise. Cette organisation régionale, autrefois reconnue pour son unité dans les opérations militaires, se trouve aujourd’hui face à des désaccords internes croissants, révélant la complexité des processus décisionnels régionaux. Les divisions au sein de la Cedeao ne sont pas passées inaperçues. Certains États membres, parmi lesquels le Nigeria, le Sénégal et la Côte d’Ivoire, soutiennent fortement une intervention militaire, tandis que d’autres adoptent des positions plus nuancées. Le Togo, par exemple, a choisi d’entretenir un dialogue avec les auteurs du coup d’État, allant à l’encontre de l’approche commune de la Cédéao, qui privilégiait une approche plus rigoureuse.
La complexité des enjeux régionaux se reflète également sur les positions de deux pays voisins clés du Niger : l’Algérie et le Tchad. L’Algérie rejette fermement l’idée d’une intervention militaire, tandis que le Tchad adopte une posture neutre, refusant de prendre parti. Ces positions en disent long aussi sur les intérêts divergents des acteurs régionaux et les défis liés à une coordination efficace de leur action.L’absence d’alignement entre l’Ua et la Cédéao affaiblit cette dernière et entrave la mise en œuvre d’une intervention militaire coordonnée. L’approbation de l’Ua s’avère primordiale pour légitimer toute action militaire de la part de l’organisation régionale. Au-delà des implications politiques et sécuritaires, la crise a des répercussions humanitaires et économiques significatives. Les perturbations en cours risquent d’aggraver une situation déjà précaire en matière de sécurité alimentaire, de santé et d’éducation pour la population nigérienne.
La situation en cours est scrutée de près, car elle pourrait potentiellement déstabiliser davantage la région et faire se dégénérer la cohésion d’autres organisations régionales du continent. Cette divergence d’approche entre l’Ua et la Cédéao soulève au final des questions fondamentales quant à la capacité de l’Afrique à agir de manière cohérente et coordonnée, dans les moments de graves crises politiques et sécuritaires.
Par AM avec SM