Le second forum du dialogue public-privé 2024 s’est tenu hier jeudi au Palais du Peuple sous l’égide du chef de l’État, Azali Assoumani. En collaboration étroite avec le gouvernement et les partenaires techniques et financiers, le secteur privé a jugé nécessaire d’organiser ce second forum avant la fin de l’année, après un forum inaugural les 18 et 19 octobre 2023.
Apporter des réponses communes
Elus, ministres, cadres de l’administration, délégués des organisations patronales et opérateurs économiques avaient pris part à cette séance d’échanges axée sur les mesures à prendre pour faire du secteur privé «un vrai moteur» du développement socio-économique. En août 2020, le chef de l’Etat avait posé les bases d’un dialogue entre l’Etat et le privé à Ndzuani. Le but étant d’identifier les obstacles à lever pour assurer un développement socio-économique inclusif tourné vers l’atteinte des objectifs du Plan Comores Emergent (Pce) avec, en toile de fond, d’apporter des réponses communes aux problèmes socio-économiques rencontrés par la population.
Evaluer les acquis
Hier, le président de la République a, une nouvelle fois, appelé à plus «d’audace» pour identifier les solutions adaptées aux objectifs de développement que le pays s’est fixés. «Le premier forum avait pour principal objectif de renforcer la concertation entre les secteurs public et privé à travers des discussions thématiques structurées», a-t-il souligné. «Ces échanges visaient à élaborer un consensus sur les pistes de réformes et à définir les moyens d’institutionnaliser le dialogue public-privé (Dpp) grâce à la mise en place d’une plateforme et d’un secrétariat permanent», a ajouté Azali Assoumani, précisant que «la collaboration que nous avons instaurée entre les secteurs est de le transformer en tremplin, pour le développement durable de notre pays».
Le second forum a pour principal objectif de «renforcer la coopération et la confiance entre les secteurs public et privé afin de créer un climat des affaires favorable à la croissance économique». Cela passe par « un co-pilotage des initiatives de réforme sur des thématiques spécifiques et par le renforcement de la gouvernance de la plateforme Dpp grâce à des mécanismes durables et inclusifs. Ces mécanismes visent à améliorer la coordination et l’opérationnalisation des réformes et projets communs».
«En août 2020, nous avons établi, par décret présidentiel, une plateforme de dialogue public-privé visant à améliorer le climat des affaires dans le pays », a rappelé le président Azali Assoumani. «Cette deuxième édition vise à évaluer les progrès réalisés depuis le premier forum, notamment en matière de mise en œuvre des engagements pris par les deux secteurs, tout en identifiant les réussites et les obstacles», a-t-il encore souligné.
Il a également souligné que, pour soutenir cette initiative, le gouvernement a sollicité l’appui technique et financier du Centre de commerce international dans le cadre du programme Appui à la production, à l’industrialisation et au libre-échange aux Comores (Apile), financé par l’Union européenne.
Vie chère, investissements, mesures de simplification douanière, approvisionnement du pays en denrées de base, appui aux entreprises, le chef de l’Etat souhaite que le secteur privé soit un maillon incontournable à la transformation de l’économie nationale. « Il est essentiel de travailler ensemble avec le secteur privé pour examiner les défis auxquels font face nos chaînes d’approvisionnement, et identifier les solutions innovantes pour réduire les coûts et les prix des produits de première nécessité et atténuer les effets de l’inflation », a-t-il demandé.
Soutenir le secteur privé
Pour lui, le secteur privé doit trouver bien sa place dans le pays pour rester encore et toujours une force de propositions. «Il est en effet important que le secteur privé comorien ait une part à jouer dans les grands chantiers de l’État, bien entendu, en mettant en place des mécanismes de renforcement des capacités opérationnelles de toutes nos entreprises comoriennes», a-t-il dit, avant de recommander l’implication «de la société civile au Dialogue public privé, en qualité d’observateur avec voix consultative».
Le président a énuméré les pas franchis en matière d’intégration économique, citant l’adhésion de l’Union des Comores à la Zone de libre-échange continentale (Zlecaf) et à l’Organisation mondiale du commerce (Omc), estimant que cela constitue une chance pour le pays «pour promouvoir notre économie et notre secteur privé». Ce premier rendez-vous, qualifié de succès par ses initiateurs, avait permis au ministre de l’Économie d’adopter un arrêté définissant les modalités de fonctionnement du Dpp et au président de la République de désigner, par décret, un chargé de mission pour cette nouvelle institution.
Consolider la coopération
Selon le ministre des Finances, Ibrahim Mohamed Abdourazak, «l’un des objectifs majeurs est d’établir un mécanisme formel de consultation entre l’État et le secteur privé pour mieux intégrer les priorités économiques des entreprises dans le budget national». Les représentants du secteur privé ont salué l’engagement du chef de l’Etat à associer les organisations patronales dans les grandes questions économiques nationale. Ils se sont félicités du maintien du cadre de concertation qu’il a initié, espérant que «les engagements pris de part et d’autre soient traduits en faits concrets» pour le bien du pays et de la population.
Accès aux marchés publics, veille aux activités commerciales, contrôle des flux commerciaux, les acteurs du secteur privé demandent un renforcement de la réglementation et un soutien constant aux opérateurs économiques à mieux s’investir dans l’économie du pays. Le deuxième forum public-privé a pris la forme d’une réunion technique d’une demi-journée, présidée par le ministre de l’Économie qui a demandé «un engagement fort» pour accompagner la dynamique créée par le chef de l’Etat.
La rencontre a alterné présentations en plénière, discussions thématiques en groupes de travail, et restitutions en séance plénière. À l’issue des travaux, des recommandations précises ont été adoptées pour répondre aux problématiques soulevées. (Nous reviendrons largement dans nos prochaines éditions).
Mhoudini Yahya (avec A.S.Kemba)