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Crise politique / DĂ©claration de SaĂŻd Hassan SaĂŻd Hachim : "de la discussion jaillit la lumiĂšre"

Crise politique / DĂ©claration de SaĂŻd Hassan SaĂŻd Hachim : "de la discussion jaillit la lumiĂšre"

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SaĂŻd Hassane SaĂŻd Hachim, a pris la parole vendredi dernier dans sa rĂ©sidence. Cet ancien dĂ©putĂ©, gouverneur, ministre et ambassadeur, a tenu, selon ses propos, "Ă  libĂ©rer sa conscience". Lui qui doit "tout aux Comores et grĂące auxquelles il s’est fait non seulement un nom mais surtout un prĂ©nom". Aussi, alors que la campagne rĂ©fĂ©rendaire s’ouvre aujourd’hui, il a insistĂ© sur l’importance de la concorde, du dialogue, du consensus entre les diffĂ©rents partis politiques, entre le gouvernement et les partis d’opposition. Entre les grands Ă©lus et le prĂ©sident de la RĂ©publique. Il a Ă©galement fait appel aux religieux, aux ulĂ©mas et au premier d’entre eux, le Grand Mufti afin que tous relayent, en hĂ©ritiers spirituels du prophĂšte Mohammad, un message de paix et Ă  peser de tout leur poids afin de prĂ©server la cohĂ©sion sociale.

 

SaĂŻd Hassan SaĂŻd Hachim a parlĂ©.  Il s’est livrĂ© : "je libĂšre ma conscience", s’est Ă©criĂ© l’homme qui fut 3 fois dĂ©putĂ©. SaĂŻd Hassan SaĂŻd Hachim s’est adressĂ© aux comoriens, hier lors d’un entretien accordĂ© Ă  votre journal. Le vieil homme n’a rien perdu de sa verve. Il a attendu la veille du jour du lancement de la campagne  rĂ©fĂ©rendaire pour s’exprimer et  faire part de sa prĂ©occupation profonde. "Ce qui se passe actuellement dans notre pays nĂ©cessite les efforts de chaque comorien rĂ©sidant ici ou Ă  l’étranger", a-t-il d’emblĂ©e lancĂ©.  "Il est temps que chaque comorien paie sa dette envers son pays au  vu de ce qui s’y passe", va-t-il poursuivre. 

L’ancien ambassadeur, fera  d’abord un saut dans le passĂ©. Il est longuement  revenu sur les anciens leaders, SaĂŻd Mohamed Cheikh,  le Prince SaĂŻd Ibrahim, Ahmed Abdallah Abderemane et Mohamed Ahmed,  et  l’encadrement  qui a Ă©tĂ© le leur pour  les hommes de sa gĂ©nĂ©ration, dĂšs 1962 et ce, au niveau des quatre Ăźles.  De Bamana Ă  Marcel Henry, de Mikidache Ă  Ahmed Abdou, de Mattoir Ahmed Ă  Ba Soilihi, de Ali Bazi Selim Ă  Ali Mlahaili, par exemple. "Ils nous ont initiĂ©s Ă  la politique afin que leur relĂšve puisse ĂȘtre assurĂ©e", a-t-il indiquĂ©.

"Je suis conscient que je suis l’un des derniers de ma gĂ©nĂ©ration, malheureusement ; et j’affirme ici que je ne fais pas partie de ceux qui ont spoliĂ© ce pays". Il en profitera pour envoyer des piques aux jeunes loups aux dents particuliĂšrement longues qui s’enrichissent  le temps  que dure une fonction. "J’avais le choix entre l’argent et l’honneur et j’ai choisi l’honneur ; j’ai toujours voulu reprĂ©senter  mon pays en donnant  le meilleur de moi-mĂȘme, Ă©ducation reçue de nos pĂšres spirituels".

A ce niveau, il sautera quelques annĂ©es  encore et en viendra Ă  la crise sĂ©paratiste des annĂ©es 1990. "J’ai Ă©crit aux Colonels Abeid et Azali Assoumani, j’ai demandĂ© aux militaires qu’ils Ă©taient,  de mettre  tout  en Ɠuvre pour prĂ©server la paix et l’UnitĂ© de notre pays", a-t-il rappelĂ©, les courriers envoyĂ©s aux deux  hommes bien mis  en Ă©vidence.  Il dit avoir continuĂ© en interpellant les notables, le Grand Mufti, le regretté  Grand cadi  SaĂŻd Mohamed Djeylane ainsi que les divers acteurs toujours dans le but de promouvoir la cohĂ©sion nationale. 

Tout cela pour en venir  Ă  la dette des comoriens envers leur nation, leur pays. "Lorsqu’un comorien nait ici, son sang abreuve la terre comorienne et Ă  ce titre, il a des droits et des devoirs envers elle". Il est temps de la payer "par de l’argent, par  des efforts, par des rĂ©flexions".

A ce stade du rĂ©cit, l’ancien ministre d’Etat a fait part de l’inquiĂ©tude qui est la sienne. "En 38 ans de carriĂšre politique, je n’ai jamais entendu quelqu’un dire que du sang sera versĂ©, quelle que soient les rivalitĂ©s qui pouvaient opposer les uns aux autres". Il fait  ainsi rĂ©fĂ©rence Ă  certains hommes politiques, des deux bords qui en cette pĂ©riode trĂšs passionnĂ©e oĂč l’actualitĂ© politique domine tout le reste, osent tenir des propos, pour le moins, sanglants


"Aussi, les mots que j’ai entendus Ă  trois reprises, portĂ©s par des comoriens, parlant de sang, de mort m’inquiĂštent au plus haut point ; celui qui m’a sans doute le plus choquĂ© a dit ‘que notre sang serait de l’encre,  et les armes nos  stylos pour Ă©crire l’histoire de ce pays’ ", regrette l’ancien ministre. 

 J’interpelle ainsi le prĂ©sident de la RĂ©publique, les gouverneurs Hassani Hamadi, Salami Abdou Salami, Mohamed Fazul et le vice-prĂ©sident Djaffar SaĂŻd Hassani, et je leur dis que les Ă©lus doivent dans leurs dĂ©cisions, prendre en compte l’avis de la majoritĂ© ;  vous qui ĂȘtes aux affaires, vous qui ĂȘtes dans l’opposition, il est temps de promouvoir le dialogue, le consensus afin de ne pas mettre en pĂ©ril l’avenir de nos enfants".

Et de citer aussi les patriarches que comptait le pays, qui ont toujours mis en avant la rĂ©conciliation des cƓurs, peu importe la rivalitĂ©,  et tout se rĂ©solvait par une priĂšre dans les zawiyas.

L’ancien gouverneur interpellera directement le Mufti, SaĂŻd Toihir Ben SaĂŻd Ahmed Maoulana, ainsi que tous les ulĂ©mas. "Vous qui ĂȘtes les hĂ©ritiers du message prophĂ©tique,  un message de paix et de concorde, comment pouvez-vous vous taire alors que le pays est au bord de la catastrophe", a-t-il clamĂ©.  "Voici venu le temps oĂč chaque musulman doit se rĂ©concilier avec un musulman comme lui et vous devez, vous les Ulemas, faire en sorte que cessent les querelles, les divisions profondes entre les hommes politiques, c’est l’avenir du pays, encore une fois, qui est en jeu".

Il interpelle de nouveau Azali Assoumani, Djaffar, Salami, Fazul et  Hassan Hamadi et les autres : "n’écoutez aucun conseiller qui vous demandera de camper sur vos positions, car en rĂ©alitĂ©, celui qui vous demande d’agir de la sorte est votre ennemi; entamez des discussions, promouvez la concorde, la concertation".

 


 

A 86 ans, l’ancien ambassadeur des Comores en France,  citant  tour Ă  tour Machiavel, Abraham Lincoln, le GĂ©nĂ©ral de Gaulle, etc., pour illustrer la situation qui prĂ©vaut,  a dĂ©cidĂ© de libĂ©rer sa conscience, de livrer le fond de sa pensĂ©e. Une pensĂ©e entiĂšrement tournĂ©e vers  l’UnitĂ© nationale, la  concorde et surtout le dialogue.


 

En cette pĂ©riode charniĂšre, oĂč de part et d’autre, les tensions sont exacerbĂ©es chaque jour un peu plus, la sortie de SaĂŻd Hassan SaĂŻd Hachim reste remarquĂ©e et remarquable. Celui-ci a insistĂ© encore et encore sur la dette  qu’ont les enfants de ce pays envers leur pays. Cette dette, Ă  l’en croire, ne peut se payer par le sang.  Intraitable, il scandera : "de la discussion, jaillit la lumiĂšre".  Ainsi parlait SaĂŻd Hassan SaĂŻd Hachim, tribun Ă  30 ans, tribun Ă  86 ans, avec l’amour du pays, au cƓur. Toujours.

 

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