Le mémorandum de la discorde ! Voila comment qualifier le document signé le 7 octobre dernier par le collectif des personnalités politiques comoriennes d’origine anjouanaise remettant en cause le format du Comité de pilotage des assises nationales (Cpan).

Les signataires du fameux document ont tenu une conférence de presse hier matin à l’hôtel Badamier de Vwadju. Il était question de proposer la recomposition du Cpan “moins conforme à la configuration fédérale du pays”. Cette rencontre avec la presse fait suite à celle qui a eu lieu lundi dernier entre le chef de la diplomatie comorienne, Souef Mohamed El-Amine et l’ensemble du corps diplomatique accrédité aux Comores.

A cette occasion, Souef Mohamed El-Amine avait parlé d’assises “comoro-comoriennes” pour que les diplomates ne prennent pas en compte ce mémorandum dont ils ont reçu copie. Son homologue de l’Intérieur mettait quant à lui, tout le monde en garde en estimant “qu’aucun dérapage ne sera toléré”.

Nous sommes tous conscients de la nécessité d’organiser ces assises nationales afin de réfléchir sur le devenir du pays. Notre combat n’a rien à voir avec du séparatisme preuve en est que des personnalités des autres îles partagent notre position. Les séparatistes sont ceux qui ne veulent pas entendre parler des assises. Il ne s’agit pas non plus d’un quelconque mouvement d’opposition car ce combat est porté par différentes personnalités de tous les horizons a tenu à clarifier, le député Mohamed Bacar Dossar.

Un seul objectif est visé par ce collectif à savoir recomposer le Cpan en prenant en compte l’aspect fédéral du pays. Pour cela, ces personnalités proposent des délégations de 15 représentants par île, 15 autres pour l’Union, 6 pour la diaspora, 4 pour Mayotte et 5 pour le Mouvement du 11 août (M11). Rappelons qu’actuellement, le Cpan est composé de 10 représentants pour les institutions étatiques, 8 pour la société civile, 2 pour Mayotte, 13 représentants des partis politiques et 12 pour le M11.

Les conférenciers estiment que contrairement à ce qui ce dit ici et là, le Cpan est l’organe central des assises nationales. Pour Mohamed Bacar Dossar, “on parle de 4 à 5 jours pour faire le bilan de 42 ans d’indépendance par conséquent, ce sont les membres du comité qui vont faire tout le travail en étant sur le terrain. Pour ce comité, un premier constat se dégage. Il y a moins d’Anjouanais et très peu ou pas de Mohélien. Il prend donc une connotation insulaire que seule la prise en compte des entités insulaires peut endiguer”.

L’ancien ministre des Affaires étrangères insistera sur la nécessité d’intégrer des représentants des 350 000 Comoriens de la diaspora avant de s’étonner que le M11 ait presque autant de représentants que les partis politiques. “Quelle est la légitimité et le poids politique du mouvement du 11 août ?” s’est-il interrogé.

Une composition séparatiste ?

Pour le porte-parole du Front républicain, Abidhar Abdallah, l’inquiétude demeure dans le fait que, “le discours du gouvernement est changeant selon qu’il est tenu à l’extérieur ou à l’intérieur du pays”. Abidhar Abdallah relève le climat de peur qui règne actuellement en revenant sur “l’enlèvement de l’ancien ministre Kamardine Abdou survenu lundi dernier à 23h et l’ancien maire de Fomboni”.

Plus offensif, l’ancien chef de cabinet à la présidence, Chamsidine Achirafi tord le cou à ceux qui crient au séparatisme. “Dès lors qu’un Anjouanais ou un Mohélien réclame ses droits, on va directement sur le terrain du séparatisme. Nous sommes unionistes mais cela ne nous empêche pas de constater que le format actuel du Cpan balaie notre constitution. Seuls ceux qui parlent de séparatisme le nourrissent”.