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Les assises nationales ont pris fin hier. En grandes pompes. Lors de son allocution, le chef de lâEtat a insistĂ© sur lâimportance de la femme comorienne pour la sociĂ©tĂ©. Il dira, ne pas nous avoir, oubliĂ©es. Dâailleurs, deux petites filles ont lu le coran lors de la clĂŽture des assises, une presque ârĂ©volutionâ. Parce la femme comorienne, est si prĂ©sente mais si absente.
Elle est partout mais nâest visible nulle part. Elle est indispensable mais personne ne juge bon de la valoriser, de la rendre visible, de promouvoir son action. Les mauvaises langues rĂ©torqueront quâĂ poste Ă©gal, le salaire lâest aussi, peu importe le sexe.
Cela est sans doute vrai. Encore faudrait-il que ces mauvaises langues reconnaissent que si le salaire est le mĂȘme pour le mĂȘme poste, la carriĂšre ne suis pas la mĂȘme courbe. Lâascension de la femme comorienne est un leurre. Sinon, nous nâavons quâĂ nous demander ce que sont devenues les amies du primaire, du collĂšge, du lycĂ©e, des bancs de lâuniversitĂ© de nos dizaines de ministres hommes, de nos dĂ©putĂ©s, de nos directeurs, de nos prĂ©sidents. Que sont-elles devenues ? Ont-elles Ă©tĂ© comme eux, ministres, directrices, dĂ©putĂ©es, etc. La rĂ©ponse est non.
A quelques exceptions prĂšs.
Lors de la sĂ©ance plĂ©niĂšre du vendredi dernier, toujours dans le cadre des assises, les experts ont recommandĂ© la mise en place dâun quota pour les femmes pour les instances de prise de dĂ©cision, Ă hauteur de 40% . Câest une bonne chose. Cela pourrait sans doute expliquer la non promulgation de la loi Hadjira sur le genre qui, elle, tablait sur 30% de femmes. Mais est-ce suffisant ?Â
Plus quâune loi, câest la constitution que nous visons. A lâheure oĂč une rĂ©forme constitutionnelle est sur toutes les lĂšvres, il nous vient une idĂ©e, une rĂ©alitĂ© Ă mettre en place. Alors que le Rwanda est citĂ© en exemple pour son dĂ©veloppement âspectaculaireâ, nâoublions pas que ce pays a fait pour le genre. Ainsi, en 2003, la question de la paritĂ© a Ă©tĂ© inscrite dans la constitution.
Lâarticle 9 en son alinĂ©a 1 dispose quâau niveau des postes de prise de dĂ©cision, 30% doivent ĂȘtre obligatoirement ĂȘtre attribuĂ©s Ă des femmes. La constitution rwandaise dĂ©finit comme principe fondamental, âlâĂ©galitĂ© entre les hommes et les femmes reflĂ©tĂ©e par lâattribution dâAU MOINS 30% des postes dans les instances de prise de dĂ©cisionsâ, selon le site www. elueslocales.fr.
Si lâon nous ne voit pas câest parce que cela dĂ©note un manque de volontĂ© politique
Il ne sâagit pas ici de soutenir ou non toute rĂ©forme constitutionnelle. Mais plutĂŽt de dire que si rĂ©forme il devait y avoir, elle devrait ĂȘtre bĂ©nĂ©fique aux femmes. Ainsi, pour que la paritĂ© entre les sexes devienne enfin une rĂ©alitĂ©, si je devais avoir une proposition, une recommandation, ce serait-celle-ci : que le principe de lâĂ©galitĂ© entre les hommes et les femmes soit inscrit en lettres dâor dans la loi fondamentale. Je reste persuadĂ©e quâil nây aura pas dâĂ©mergence sans une profonde, une entiĂšre participation de la femme, et Ă ce Ă tous les Ă©chelons.
Si lâon ne nous voit pas, ce nâest pas parce que nous sommes moins mĂ©ritantes, moins compĂ©tentes, moins brillantes que les hommes. Si lâon ne nous voit pas, câest parce que dĂšs notre plus jeune Ăąge, on nous demande de nous rendre invisibles. De nous cacher. De ne pas prendre la parole sans quâon nous la donne. DĂšs notre plus jeune Ăąge, on nous demande dâĂȘtre discrĂštes, posĂ©es.
De la fermer. DĂšs notre plus jeune Ăąge, on nous demande dâĂȘtre Ă lâarriĂšre de nos pourtant maisons, de servir le thĂ© en sachant le servir sans incommoder nos hĂŽtes-hommes, et en nous retirant, aprĂšs lâavoir servi, sur la pointe des pieds.
Si lâon nous ne voit pas câest parce que cela dĂ©note un manque de volontĂ© politique. Au prĂ©sident de la RĂ©publique, je lui demanderai de faire sien le combat pour lâĂ©mancipation de la femme. En faisant en sorte que ses discours Ă la Nation ne soient prononcĂ©s quâen des lieux ouverts aux femmes. Exit donc, les bangwe, les mosquĂ©es ou tout autre lieu qui dans lâimaginaire collectif est seulement dĂ©volu au sexe dit fort.
Exit aussi le mĂ©lange Ă©trange qui nous dessert, entre Mila Nantsi et RĂ©publique. Les messages du prĂ©sident de la RĂ©publique ne devraient ĂȘtre prononcĂ©s quâen des endroits oĂč les femmes se sentiront Ă lâaise de prendre la parole, sây sentiront Ă leur place. OĂč elles auront aussi une place devant. Comme les hommes.
Il serait fort prĂ©judiciable quâen 2031, une Ilham, une Fatima ou une Faouzia ne soient âqueâ les amies dâenfance des prĂ©sidents, des ministres, des dĂ©putĂ©s ou des directeurs. Il est temps que la femme comorienne cesse dâĂȘtre lâavenir, le futur. Il est temps que la femme comorienne incarne le prĂ©sent.Et cela passera par la loi fondamentale.