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Andrey Andreev : «La Russie est prête à examiner toutes les demandes de la partie comorienne»

Andrey Andreev : «La Russie est prête à examiner toutes les demandes de la partie comorienne»

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Dans une interview exclusive accordée à Al-watwan, l’ambassadeur de la Fédération de Russie à Moroni, résidant à Antananarivo, Andrey Andreev, réaffirme l’engagement de son pays à soutenir les Comores dans leur démarche visant à récupérer la souveraineté sur l’Île de Mayotte, conformément aux résolutions de l’Assemblée générale de l’Onu. Il aborde également le renforcement de la coopération entre les Comores et la Russie, notamment à travers la concrétisation de plusieurs projets, dont l’établissement de Centres culturels russes à Moroni.

La Russie a pris l’engagement de soutenir les Comores dans divers domaines. Pourriez-vous nous donner un aperçu des principaux projets russes menés aux Comores en 2023 ?


Je pense qu’il n’est pas tout à fait correct de réduire les relations entre les deux pays à des engagements unilatéraux. La Russie a toujours construit ses relations avec les pays africains, y compris avec l’Union des Comores, sur une base d’égalité et de respect mutuel, dans le but de renforcer l’amitié et la coopération mutuellement bénéfique.


Bien entendu, l’assistance au peuple comorien a toujours été un élément important de nos relations. C’est dans cet esprit-là que la Russie a fourni à plusieurs reprises une aide humanitaire aux Comores et a contribué à la formation des cadres nationaux. Au cours des dernières décennies, plus de 1 000 Comoriens ont suivi des études supérieures dans des universités russes, dont beaucoup occupent aujourd’hui des postes gouvernementaux importants. Annuellement nous offrons 20 bourses d’études pour des étudiants comoriens.


Sur le plan politique et diplomatique, je voudrais souligner le soutien continu de la Russie au droit légitime des Comores à restaurer la souveraineté sur l’Île de Mayotte conformément aux résolutions de l’Assemblée générale de l’Onu. En même temps, nous continuons à rechercher activement des formes efficaces et des domaines concrets de notre collaboration, des moyens de renforcer la coopération commerciale, économique et d’investissement.

La Russie et les Comores ont de nombreuses directions prometteuses pour nos efforts communs. Plus précisément, dans le domaine de l’agriculture, de la pêche, de l’exploitation minière, de l’énergie, du tourisme et de la création d’infrastructures aux Comores. Nous voyons de bonnes opportunités pour développer les échanges commerciaux, notamment grâce à l’augmentation des approvisionnements russes en céréales, en engrais, en équipements, etc.

En avril 2023, il y a eu des rencontres à l’Union des chambres de commerce, d’industrie et d’artisanat de l’Union des Comores, ainsi qu’au Mouvement des entreprises comoriennes.

En juillet 2023, une conférence sur le développement des liens touristiques a été organisée entre des représentants du ministère du Tourisme de l’Union des Comores, de l’Office nationale du tourisme des Comores, de l’Union des chambres de commerce, d’industrie et d’artisanat des Comores et de la Chambre de commerce et d’industrie de la Fédération de Russie.

Une nouvelle conférence entre les milieux d’affaires de nos pays est en préparation. Nous espérons également que cette année nous pourrons mettre en œuvre l’idée sur la visite des milieux d’affaires comoriens en Russie ou des entrepreneurs russes aux Comores. Je voudrais souligner que la Russie est prête à examiner de manière attentive toutes les demandes et propositions de la partie comorienne visant à établir une coopération mutuellement avantageuse.

Jusqu’à présent, la Russie n’a pas établi de représentation diplomatique permanente dans notre pays. Cela suggère-t-il que les relations et les échanges entre les deux pays ne sont pas suffisamment développés ?


Pour ce qui est de la représentation russe aux Comores, il convient de noter que l’ambassade de Russie à Madagascar est engagée depuis longtemps, et je l’espère efficacement, dans le développement de nos relations amicales.


Il suffit de dire que l’année dernière j’ai eu trois rencontres avec le président de l’Union des Comores, Azali Assoumani, et six rencontres avec le ministre comorien des Affaires étrangères, Dhoihir Dhoulkamal, ainsi qu’un certain nombre d’autres contacts avec de hauts responsables comoriens.

Le président Azali Assoumani s’est rendu en Russie à deux reprises : une fois dans le cadre de la mission de paix des pays africains sur l’Ukraine et l’autre fois dans le cadre de sa participation au deuxième sommet Russie-Afrique. Il a eu des échanges constructifs avec le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, au cours desquels de nombreuses questions d’actualité bilatérales ont été discutées. Je pense que même les missions diplomatiques étrangères accréditées et présentes aux Comores ne peuvent pas faire état d’une telle intensité et d’un tel niveau de contacts avec Moroni.


En même temps, force est de constater avec regret que les Comores restent parmi les rares pays africains qui ne disposent toujours pas de leur propre mission diplomatique à Moscou. Il n’existe pas non plus de mission diplomatique comorienne accréditée en Russie pour assurer les fonctions de représentation. Il est évident que la résolution de ces questions par la partie comorienne soutiendrait nos efforts visant le développement des relations.

Le dernier sommet Russie-Afrique a accouché de pas mal d’engagements. Qu’en est-il de leur suivi, en particulier en ce qui concerne les Comores ?


Le sommet Russie-Afrique, qui s’est tenu avec succès en juillet 2023, a été marqué par des accords importants visant à renforcer la coopération diversifiée entre la Fédération de Russie et les pays africains.

Une déclaration finale commune a été adoptée, ainsi qu’un certain nombre de documents thématiques dans des domaines tels que le renforcement de la coopération dans la lutte contre le terrorisme, la prévention d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique et la coopération dans le domaine d’assurance de la sécurité internationale de l’information. Tous ces documents témoignent de la proximité de nos points de vue sur de nombreuses questions mondiales et constituent une feuille de route pour promouvoir nos relations.


Dans la foulée du sommet, le travail visant à mettre en œuvre ces accords a commencé. En ce qui concerne les Comores, il s’agit principalement de l’expansion de la coopération humanitaire, notamment l’augmentation progressive du quota d’études pour les Comoriens dans les universités russes et le renforcement des échanges culturels.

En particulier, à cette fin, on étudie actuellement les possibilités d’ouvrir une sorte de Centre culturel russe à Moroni et d’intensifier les liens éducatifs et sportifs. La prochaine Conférence ministérielle du Forum de partenariat Russie-Afrique qui se tiendra cet automne à Sotchi, en Russie, constituera une étape importante dans le suivi des accords en cours.

Il y aura une discussion approfondie sur les questions liées au développement de la coopération et des relations amicales entre la Russie et les pays africains, dont l’Union des Comores.

Vous avez parlé de l’ouverture prochaine de centres culturels russes dans notre pays. Pourriez-vous nous fournir des détails sur ce projet et évoquer d’autres initiatives prévues dans le cadre de la coopération russo-comorienne ?


Comme je l’ai déjà dit, l’un des projets-clés dans les relations russo-comoriennes est l’examen de l’idée d’ouvrir un Centre culturel russe à Moroni. A cet effet, une délégation russe conduite par la Directrice exécutive du Centre de diplomatie publique de la Russie, Natalia Krasovskaya, s’est déjà rendue aux Comores.

On s’est mis d’accord sur la visite du recteur de l’Université des Comores en Russie en 2024 et sur le début des travaux organisationnels en vue de l’ouverture de la « Maison Russe » aux Comores. Une nouvelle visite est prévue prochainement, au cours de laquelle tous les détails du projet mentionné seront discutés et ses modalités seront convenues.


Je voudrais également noter qu’à la fin de l’année 2023, une délégation de l’université russe « École supérieure d’économie » a effectué une visite de travail à Moroni et a tenu plusieurs rencontres à l’Université des Comores, au ministère de l’Éducation nationale, ainsi qu’à l’Assemblée des Comores pour discuter des perspectives de renforcement de la coopération dans le domaine de l’éducation.

Les analystes des relations géopolitiques suggèrent que la Russie souhaite redessiner la carte de la coopération multilatérale en Afrique. Quelles alternatives concrètes votre pays propose-t-il aux relations souvent qualifiées de néocoloniales entre de nombreux pays africains et des puissances occidentales ?


Laissons à la conscience des analystes occidentaux la question selon laquelle la Russie cherche à promouvoir ses intérêts en Afrique au détriment des autres. La Russie n’impose ses approches à personne. Un principe important de notre politique est la construction d’un ordre mondial juste, fondé sur la multipolarité, l’égalité souveraine des États et la coopération mutuellement bénéfique.

Nous soutenons fermement le droit de tous les pays, y compris les pays africains, de faire leurs propres choix, notamment dans l’établissement de relations sur la scène internationale. Nous sommes favorables à un partenariat honnête et mutuellement respectueux dans l’intérêt de nos peuples. C’est là notre principale différence avec les pays occidentaux qui, aujourd’hui encore, au XXIe siècle, continuent d’imposer aux pays du continent africain les conditions politiques et économiques de leur coopération avec eux.

Le désir de l’Occident collectif de maintenir son hégémonie dans les affaires internationales, notamment par son influence sur les pays du Sud, devient désormais de plus en plus évident. Regardez comment les Occidentaux forcent les pays africains à voter pour des résolutions antirusses et tentent également, par le biais de menaces et de chantage, de les forcer à renoncer à la coopération avec la Russie.

En même temps, selon la déclaration du Haut représentant de l’UE [Union européenne] pour les affaires étrangères, Josep Borrell, les relations internationales sont désormais déterminées par le fait que l’Europe et l’Occident sont « un jardin fleuri » et le reste du monde est « une jungle ».

La Russie a-t-elle les moyens de sa politique étrangère ?


Bien sûr que oui. La Russie est un grand pays dont toute l’histoire montre qu’elle est capable de surmonter tous les problèmes et d’atteindre ses objectifs. Toutes les velléités actuelles de l’Occident d’infliger une défaite à la Russie et de la forcer, par divers moyens dont militaires et de sanction, à abandonner sa voie indépendante, sont vouées à l’échec.

Par exemple, l’économie russe connaît actuellement une croissance plus rapide que celle de nombreux pays occidentaux. Malgré les énormes investissements financiers, la situation en Ukraine n’est pas en leur faveur. La tendance mondiale au renforcement de la multipolarité se renforce.

L’autorité internationale de la Russie, le soutien de ses amis, son potentiel humain important, ses réalisations économiques et scientifiques… tout cela confirme que notre pays est un facteur important et efficace dans la politique mondiale.

Propos recueillis .  par Chamsoudine Saïd Mhadji

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