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Aboudou Soefo : «Je propose la création d’un fonds financé par une taxe Cœlacanthe»

Aboudou Soefo : «Je propose la création d’un fonds financé par une taxe Cœlacanthe»

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À travers cette interview, Aboudou Soefo, candidat indépendant soutenu par le mouvement politique Tsasi, expose ses propositions pour répondre aux besoins urgents des Comoriens. Un regard sur ses perspectives pour la santé, l’éducation, la justice, et d’autres enjeux majeurs qui marquent son engagement envers le bien-être de la nation.

 

Quels sont selon vous les besoins urgents des Comoriens ?

Les besoins urgents des Comoriens vont au-delà de la simple question de l’inflation. La vie chère ici résulte d’une combinaison de facteurs, notamment des aspects commerciaux et sociaux tels que l’absence de sécurité sociale et la démocratisation de l’enseignement. Il est essentiel de considérer des mesures globales telles que la maîtrise des prix, l’assurance maladie généralisée, et la démocratisation de l’enseignement, pour alléger les pressions sur les foyers comoriens. De plus, des aspects tels que les coûts liés aux mariages impactent également les budgets des ménages.

Pensez-vous pouvoir les satisfaire, par quelles actions ?

Oui. Tout d’abord, il sera nécessaire de réduire les taxes, en particulier à la douane, et de lutter contre la spéculation. Les acteurs du commerce, de l’importateur au détaillant, doivent être régulés pour atténuer leur impact négatif sur l’économie. En parallèle, je prévois de rendre opérationnelle l’assurance maladie généralisée (Amg), en veillant à son autonomie et en mettant en place des initiatives au niveau de la caisse de prévoyance. Par ailleurs, il est essentiel de promouvoir l’enseignement public pour alléger le fardeau financier des ménages. En ce qui concerne les dépenses liées aux mariages, je propose des consultations supervisées par les gouverneurs sur chaque île pour élaborer des stratégies visant à réduire ces coûts et à les atténuer.

Sur quoi repose votre programme de gouvernance si vous êtes élu ?

Mon programme de gouvernance repose sur une expérience de plus de 40 ans imprégnée de l’Adn démocratique. Nous avons mené un combat pour établir une démocratie consolidée, différente de celle de la Crc qui a modifié son statut depuis notre époque. Mon objectif est d’apaiser les esprits pour permettre à chacun de contribuer au mieux pour le pays. Ma gouvernance sera fondée sur le respect de l’état de droit, avec une attention particulière à la préservation des institutions et au respect des compétences dévolues aux îles, une dimension actuellement négligée.


Croyez-vous à l’urgence climatique ? Comment s’inscrira votre action là-dessus ?

Absolument, je suis convaincu de l’urgence climatique, une réalité palpable dans nos petites îles. Mon action consistera à faire respecter les engagements pris par les Comores vis-à-vis du reste du monde. En tant que pays vulnérable, ne rien faire nous placerait parmi les premières victimes. Je vais promouvoir activement la transition énergétique, en particulier vers l’énergie solaire, la plus accessible pour notre pays. Il est essentiel de favoriser l’utilisation des énergies renouvelables. De plus, des actions significatives seront entreprises pour préserver l’environnement et les forêts, notamment par une politique de reboisement et la généralisation des foyers améliorés dans tout le pays.

 

Quelle est votre approche vis-à-vis de la problématique du genre ?

Au niveau politique, il est impératif de revoir la situation actuelle en matière de genre. Une réévaluation complète est nécessaire, avec une concertation solide pour permettre une véritable intégration dans la vie publique, en s’éloignant des mises en scène actuelles. Pour les élections législatives, l’établissement d’un quota de femmes élues sera envisagé, avec une attention particulière à la mise en place d’une procédure de cooptation. Afin d’assurer une représentation significative dans nos institutions et organes délibérants, il sera essentiel de compléter la contribution naturelle par une cooptation, en mettant l’accent sur la diversité de genre et la jeunesse.

Le Comorien, qu’il soit riche ou pauvre, veut pouvoir se soigner. Quel est votre plan pour révolutionner notre système de santé ?

Des progrès ont été réalisés en termes d’infrastructures de santé, notamment à Hombo, Bambao Mtsanga, et avec le projet en cours à El-Maarouf, bien que les résultats ne soient pas encore idéaux. Cependant, il est crucial de s’attacher à disposer d’un personnel qualifié et de prendre en considération l’aspect financier. La mise en place rapide de l’Assurance maladie généralisée (Amg) est essentielle pour alléger la charge financière sur la population. Mon plan inclut trois mesures à mettre en œuvre dès janvier 2025. Premièrement, la gratuité des urgences sera effectuée. Deuxièmement, conformément à une exigence de l’Union africaine, les soins pour les enfants de moins de 5 ans seront gratuits. Enfin, les femmes enceintes pourront accoucher gratuitement dans les hôpitaux publics, à condition d’avoir effectué leurs consultations prénatales dans ces établissements publics.

Les enseignants sont en grève. Ils réclament une hausse de leurs indices salariaux. Mettez-vous à la place du gouvernement actuel et dites-nous comment vous résoudriez cette question ?

En tant qu’ancien enseignant, cette question me touche profondément. Mon parcours est le fruit de la démocratisation de l’enseignement, ayant émergé d’un milieu défavorisé. Je crois fermement en la nécessité d’une éducation de qualité pour permettre aux enfants du pays de réaliser leur plein potentiel. Le budget alloué à l’enseignement est d’environ 14 milliards de francs comoriens, comparé à un budget de 8 milliards pour la présidence de la République. Il est impératif de rééquilibrer ces priorités en réduisant le budget présidentiel au profit de secteurs essentiels tels que la santé et l’éducation.

 

Notre pays est classé dans le dernier carré des pays les plus corrompus de la planète. Que comptez-vous faire pour redorer notre blason ?

La situation est regrettable, mais nous devons renouer avec le cadre international de lutte contre la corruption. Il est crucial de rétablir les organisations de lutte qui ont été supprimées et de mettre en œuvre une politique judiciaire et des forces de l’ordre engagées dans la lutte contre ce fléau. Nous pouvons prendre exemple sur les initiatives de changement mises en place à Madagascar. Il est inacceptable de se résigner à cette situation, et des mesures significatives sont nécessaires pour inverser cette tendance.

Pensez-vous que l’on pourra un jour récupérer Mayotte ? Si oui quelle approche privilégiez-vous ?

Concernant la question de Mayotte, une réévaluation du cadre est nécessaire en impliquant l’ensemble des parties concernées. Il ne s’agit pas uniquement d’une responsabilité gouvernementale. Je propose la création d’une commission nationale dédiée à la question de Mayotte, mobilisant la participation de tous dans sa gestion. Pour réussir à ramener Mayotte, un changement significatif en termes de développement est essentiel de notre part. En tant qu’ancien ministre des Affaires étrangères, je tiens à souligner qu’il n’y a jamais eu de retrait de ce dossier à l’Onu pendant mon mandat. Bien qu’il y ait eu des manipulations autour de cette affaire, depuis 1995, le dossier n’a jamais été retiré, et je défie quiconque de prouver le contraire.

Nous avons rompu nos relations diplomatiques avec des pays musulmans comme le Qatar et l’Iran. Les rétablirez-vous ?

La décision de rompre les relations avec des pays musulmans comme le Qatar et l’Iran était une erreur, étant donné leur soutien significatif aux Comores. Je rétablirai ces relations. Par ailleurs, en matière de diplomatie, il est impératif de revoir notre approche. Je propose la création de deux ministères des affaires étrangères : un ministère principal chargé de l’occident et des organisations internationales que nous connaissons et un ministère délégué chargé des relations avec le monde arabe et le reste du monde. Il est également crucial pour les Comores de ne pas négliger d’autres régions telles que l’Asie centrale comme l’Azerbaïdjan, l’Asie du Sud-Est avec l’Indonésie et la Malaisie. En diversifiant nos relations, nous renforçons notre réseau d’amis, essentiel pour obtenir un soutien dans la question de Mayotte notamment.

La justice nationale est décriée. Beaucoup la disent instrumentalisée. Est-ce aussi votre avis ? Votre plan pour une justice efficace et fiable ?

Je suis d’avis qu’il est nécessaire de réformer le système de nominations des magistrats. Actuellement exclusives du gouvernement et du président, ces nominations devraient impliquer le parlement pour éviter toute influence partisane. Il est également envisageable d’introduire la possibilité de recourir à des magistrats étrangers, sous réserve des dispositions constitutionnelles ou par l’adoption d’une loi autorisant une telle mesure. Cette ouverture pourrait inciter nos magistrats nationaux à améliorer leurs pratiques. Par ailleurs, il est essentiel de décentraliser les tribunaux de première instance, ne se limitant plus à Moroni mais s’étendant aux différentes îles et localités du pays.

Le sport comorien connait des progrès incontestables, avec la montée en puissance des Cœlacanthes et la performance inédite de nos athlètes aux 11ème JIOI. Que comptez-vous faire pour accélérer cette tendance ?


Je tiens à saluer les performances remarquables des sportifs comoriens, qui réalisent des exploits louables compte tenu de leurs conditions de travail. Pour garantir une préparation optimale avant les compétitions internationales, il est essentiel que nos sportifs bénéficient d’une période d’entraînement adéquate, avec le maintien de leurs salaires, que ce soit dans le secteur public ou privé, sous réserve de l’accord des employeurs dans le privé.


Pour ceux sans revenus fixes, une allocation sera octroyée. Je souligne particulièrement la contribution inestimable de l’équipe nationale de football, essentielle pour la cohésion nationale et la jeunesse. Afin de renforcer cet esprit et d’assurer le confort des joueurs, je propose la création d’un fonds financé par une taxe Cœlacanthe, prélevée sur les consommations de téléphonie mobile. Les modalités pratiques de cette taxe seront définies en temps voulu, complétées par d’autres contributions de l’Étatn

 

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