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Une rentrée pas comme les autres. C’est le constat que l’on peut dresser pour cette première journée de la rentrée des classes. Ce lundi 24 septembre, jour de la rentrée scolaire pour le compte de l’année 2018-2019, l’atmosphère régnant dans les différents établissements publics de la capitale était le même. Chez les élèves, le sentiment de désolation se lisait sur les visages. Au cours de notre reportage d’avant-hier, dans les établissements publics de Moroni, il était difficile de faire la différence entre la période des vacances et le jour de la rentrée. Au lycée Saïd Mohamed Cheikh, tout avait l’air désert. L’enthousiasme observé le plus souvent chez les nouveaux venus, n’était pas au rendez-vous. Vers 10 h, un moment réservé habituellement à la pause, littéralement appelé récréation, l’enceinte du lycée n’avait aucune allure d’un endroit qui venait de retrouver ses occupants. Ni portier, ni surveillant n’étaient dans le coin comme ça se fait dans les différentes écoles le jour de la rentrée.
Redoublement ou passage
De loin quelques élèves éparpillés dans la cour échangeaient. Une personne qui n’avait pas eu connaissance du calendrier dévoilé depuis le 5 septembre par le ministre de l’Education, Salime Mahamoud, n’aurait sûrement jamais cru que ce lundi correspondait à la rentrée des élèves. Salles vides, poussière, des bancs renversés, un capharnaüm au sens premier du terme. Les ordures ne sont pas aux abonnés absents à l’intérieur des salles comme dans l’enceinte. Pourtant, les enseignants, qui ont retrouvé le chemin de l’école une semaine avant, étaient présents. Rencontrés à quelques mètres de la salle des professeurs, trois enseignants, qui se dégourdissaient les jambes, assurent avoir honoré leurs promesses.
Venir accompagner les enfants, c’est bien ce que nous avons fait», a lancé ironiquement l’un d’entre eux.
Dire qu’il y a eu une rentrée n’arrive pas à passer aux oreilles des élèves. «Nous ne pouvions pas rester chez nous alors que les autorités avaient fixé une date. Mais sincèrement, je ne pense pas que la rentrée a eu lieu. Nous savions ce qui nous attendait», déplore une élève, assise à la fenêtre de la première salle se trouvant juste après le portail. Très vite, la principale préoccupation qui taraude les esprits des élèves, à savoir, le problème du remplissage des bulletins de notes s’invite dans leurs discussions. Falhata Abdallah, la vingtaine, qui était en 1ère S l’année dernière, n’y croit pas. Comment peut-on parler de rentrée alors que personne ne sait où elle est orientée, s’interroge-t-elle. «Suis-je passée en classe supérieure ou pas ? Vais-je aller en terminale ? Toutes ces questions nous découragent et nous laissent perplexes. C’est intenable. Le gouvernement doit trouver une solution rapidement. Nous sommes coincés ici. Ils ont validé les examens nationaux, ils ne pourront pas parler d’année blanche. Donc hors de question de redoubler», prévient cette fille.
Début des cours incertain
Elle n’est pas la seule à vivre ce «refoulement». Même pour les terminalistes redoublants qui souhaitent rester, au lycée, la compassion ne manque pas. Ali Ahmada est de ceux-là . Cet élève de la terminale A4, qui s’est pointé à 8 h, regrette qu’on en soit arrivé jusque-là . «Ils ne peuvent pas condamner nos petits frères et sœurs. Je pense que si les nouveaux élèves de la seconde n’ont pas fait le déplacement aujourd’hui, c’est parce que n’ayant pas décroché leur brevet, ils sont partagés. Ils ne savent pas s’ils doivent rester en troisième ou non», s’indigne-t-il.
Ce que peuvent retenir les quelques Ă©lèves qui se sont rendus au lycĂ©e de rĂ©fĂ©rence, de ce jour de rentrĂ©e, est bien ce que tout le monde attendait : jusqu’à maintenant, la rentrĂ©e reste compromise et ambiguĂ«. Quand-est-ce que les cours vont-ils commencer ? Le proviseur, Mohamed Ali Abdallah, s’est rĂ©servĂ© de livrer des rĂ©ponses à cette question. Redoublement ou passage gĂ©nĂ©rale comme il se murmure ? LĂ encore tout reste mystĂ©rieux. Le patron du lycĂ©e public de la capitale a organisĂ© une rĂ©union avec les Ă©lèves qui ont rĂ©pondu prĂ©sent. Il les a appelĂ©s à revenir durant toute la semaine pour rĂ©amĂ©nager les salles en attendant. A l’école primaire Fundi SaĂŻd Mnemoi (Application), les responsables ont demandĂ© aux mĂ´mes de «redoubler», l’histoire de voir la situation se dĂ©bloquer.Â
Au collège de la CoulĂ©e, les Ă©lèvent manquaient Ă l’appel. Seule la direction Ă©tait ouverte. Une dizaine de personnes se tenait devant la direction. Certains regardaient une liste des admis en 6ème et d’autres discutaient. Peu d’élèves Ă©taient prĂ©sents Ă cette heure-lĂ . Pendant notre rencontre avec certains Ă©lèves de l’établissement, ces derniers ont exprimĂ© leur dĂ©sarroi. Selon un Ă©lève de la 4ème, Kadafi SoulĂ©, c’est une situation bien difficile «cette situation m’affecte beaucoup car je n’ai pas mes bulletins, donc je ne sais mĂŞme pas si je suis admis ou pas», s’inquiète-t-il. Comme leurs camarades du lycĂ©e de la capitale, malgrĂ© l’absence de cours, ces Ă©lèves sont obligĂ©s de se prĂ©senter tous les jours. «Ils doivent venir au cas oĂą, il y a un changement. Dix-huit enseignants sur les 36, que compte le collège prĂ©sents aujourd’hui, ont voulu enseigner. Malheureusement il Ă©tait impossible», a confiĂ© le directeur du collège, Abdou Ibrahim. Â