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L’arbitre Fifa Ali Mohamed Adelaid : «J’ai de grands rêves et les moyens de les réaliser»

L’arbitre Fifa Ali Mohamed Adelaid : «J’ai de grands rêves et les moyens de les réaliser»

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“Mes rêves, c’est de diriger une phase finale sénior de Can, d’officier une Coupe du monde, même les éditions U17 ou U23 ans, et les jeux olympiques, et de prendre les rênes du département d’arbitrage de la fédération de football de mon pays. J’ai encore sept ans de carrière et j’espère pouvoir les réaliser”.

 

Vous êtes arbitre Fifa depuis 2009. Etes-vous satisfaits de vos dix-ans de carrière?

Je suis satisfait. Mais je regrette le fait d’avoir manqué un encadrement digne du nom. Je ne m’en veux pas car je fais partie de la première liste des internationaux comoriens. Ce manque se comprend du fait que je n’avais pas d’aînés expérimentés au niveau international qui pouvaient m’aider. Si j’avais eu du soutien, je crois que je serai allé plus loin. Heureusement, la génération qui me suivra n’aura pas le même problème, car je vais tout faire pour l’aider en lui faisant bénéficier de mon savoir-faire.

Certains de vos collègues arbitres font l’objet de critiques pour des histoires de corruption. Comment jugez-vous ce phénomène?

Que des arbitres soient critiqués par la presse fait aussi partie du jeu. Je constate, cependant, que peu de journalistes mènent des enquêtes approfondies sur les arbitres sur des affaires de corruption. Certains parlent de ce sujet sans les moindres preuves. C’est la moindre des choses à faire avant d’informer l’opinion. Dénoncez-moi s’il le faut mais, il faut avoir des preuves. La corruption dans football comorien, c’est parfois, également, le fait des équipes. Ce sont elles qui approchent les arbitres. Si ces formations-là étaient honnêtes et aimaient vraiment le football, on ne parlera pas de corruption.
Il faut savoir par ailleurs que tous les arbitres n’ont pas le même comportement. Certains sont peut-être obsédés par l’argent, mais la majorité se respecte. Personnellement, j’ai été approché à maintes reprises mais, je ne me suis jamais rendu à leur jeu. Ces équipes ne changeront peut-être jamais. Mais c’est aussi une question de conscience. Le seul moyen de les décourager, c’est de les dénoncer, avec des preuves à l’appui, devant le comité d’éthique.

Des internationaux comoriens sont brillants à l’international. Mais au pays, ils sont souvent contestés. A quoi cela serait-il dû d’après vous?

Les arbitres ont un bon niveau comparé à celui des joueurs. C’est une réalité. Les équipes ne maitrisent pas toujours les lois du jeu. Nous sommes parfois en conflit avec des équipes parce que leurs dirigeants ne connaissent pas suffisamment les règles. Sans compter que les équipes qui ne veulent pas perdre accusent systématiquement les arbitres d’avoir favorisé leur adversaire.
J’ai eu, une fois, un souci avec le coach de Ngaya club, Lucien Silla Mchangama, contre Fc Male. Il m’a reproché d’avoir mal interprété un hors-jeu alors que j’avais raison. Au lieu d’expliquer ma décision à son joueur, il s’en est pris à moi. J’ai remarqué les mêmes comportements contre les arbitres étrangers quand ils dirigent des rencontres locales. Si les arbitres comoriens sont performants à l’extérieur comme on le dit, c’est peut-être parce qu’ils se trouvent en présence de responsables d’équipe qui s’y connaissent mieux aux règles du jeu.

Quel est votre plus grand rêve à sept ans de la fin de votre carrière internationale?

Une phase finale de la coupe d’Afrique des Nations sénior*. Je rêve d’officier une Coupe du monde, même les éditions U17 ou U23 ans, et aux jeux olympiques. J’ai encore six à sept ans de carrière et j’espère avoir une bonne marge devant moi pour réaliser mes rêves.
Je vise projette de prendre les rênes du département d’arbitrage de la Ffc. Je pense avoir les compétences pour assurer ce rôle. Les arbitres ont besoin d’instructeurs technique et physique du même niveau que ceux du continent. En quelques années, on peut faire en sort de développer notre arbitrage.

Avoir neuf arbitres Fifa aux Comores, est-ce satisfaisant?

Oui, quand même! Mais ça serait encore mieux si nous étions dix, quatre centraux et six assistants. A dix, on peut avoir deux équipes complètes des officiels. Avec un tel effectif, on peut diriger en même temps deux matchs différents à l’international. Avec les neufs, on se sent pénalisé, mais nous espérons être dix la saison prochaine.

Qui est votre arbitre modèle?

Le turc, “monsieur” Cuneyt çakır. Il sait gérer ses matchs, a une bonne technique d’arbitrage et dispose de l’autoritaire nécessaire. Aux Comores, j’apprécie beaucoup, chez les jeunes Mohamed Hamadi alias Bashegue. Nous n’en avons pas de meilleurs.
J’ai eu la chance de faire des formations d’élites. J’ai suivi des cours de haut niveau et j’ai été à de grandes compétitions continentales, alors que je n’arrête pas d’apprendre. Les jeunes qui aspirent faire ce métier ne devraient jamais croire qu’ils maitrisent tout. Ils peuvent toujours demander des conseils à leurs ainés Zeoudine Abdou, dr Moussa Hamidou, Ansuidane, Amaldine Soulaimane et Mohamed Athoumane, entre autres.
Ils ne doivent pas être renfermés et doivent s’autocritiquer. Ils doivent se donner les moyens de suivre les matchs des grands championnats éytrangers. En tant qu’arbitre, ils ne doivent pas se concentrer uniquement sur le jeu, mais aussi sur les faits, les gestes, les déplacements et les techniques des arbitres. Les joueurs essayent d’imiter un drible, un contrôle de bal. Cela doit être pareil pour l’arbitre. Il se doit d’avoir des références de prise des décisions, par exemple. Un arbitre doit être prêt psychologiquement, avoir une bonne gestion de match et une bonne condition physique. C’est le point clé de l’arbitrage moderne en plus de la maitrise du football.

Propos recueillis par
Elie-Dine Djouma


*Ali Mohamed Adelaid a dirigé trois Can U17 2013 au Maroc, U17 2015 au Niger et U23 2019 en Egypte

 

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