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A Mitsamihuli, on craint le pire. L’une des plus grandes villes de football du pays a des doutes quant au maintien de ses protégés en division d’élite. Les deux équipes locales, Apaches club et Coin nord, peinent en zone rouge du tableau du championnat de première division de football de Ngazidja. Cela depuis la seizième journée alors qu’il ne reste plus que trois matchs au programme.
Le maintien de ces deux gloires du ballon rond comorien se joue au cours des trois prochaines journées. Alors que le maintien est juste considéré comme un rêve inaccessible pour certains, d’autres jurent de voir, à coup sûr, les deux formations évoluer en D1, l’an prochain.
Il faut avoir passé quelques heures à Mitsamihuli pour sentir le désespoir des uns et des autres sur le sort incertain des deux formations chéries des lieux.
Toutefois, malgré l’abattement général, les dirigeants de ces deux formations affichent un certain optimisme.
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Nous avons trois matchs à négocier et qu’il nous faut gagner et c’est chose possible. C’est du football. Et rien ne se gagne en avance. Nos joueurs sont en regroupement et sont conscients de la mission qui les attend, a positivé l’actuel manager de l’équipe de Coin nord, Nassur Mohamed Mouigni dit Nassur Djohar.
Maigres espoirs
Cet ancien sélectionneur des Cœlacanthes constate que le football de sa localité a perdu de sa vitalité depuis six ans. “On parle de ces trois dernières années, mais c’est faux. Après le dernier titre national de Coin nord en 2011, aucune formation locale n’a remporté de trophée national”. Pour expliquer les causes de ces difficultés, il n’hésite pas sur les termes. Selon lui, c’est la localisation de l’Académie Twamaya dans cette ville qui “tue” son football. Depuis 2010, Coin nord s’entrainerait deux jours par semaine seulement durant toute l’année scolaire. Idem pour Apaches club. “Le fait d’avoir un seul stade pour trois équipes ne nous arrange pas, cela casse notre façon traditionnelle de travailler. Conséquence…”.
Toute la ville est sous le choc. Cependant, voir ses deux équipes aussi mal positionnées au classement de D1 semble avoir réveillé les esprits. Apaches club se force à croire à un miracle. Il faut dire, toutefois, que l’échec de la maison jaune dimanche à domicile face à Ipvembeni – quatre à zéro tout de même – les a rendu nombreux pessimistes. “Je n’ai aucun espoir de voir Apaches se maintenir en D1. Et même Coin nord.
Ce sont certes de grands clubs, mais l’espoir est maigre à trois journées de la fin du championnat”, a lâché l’internationale comorienne et défenseuse de 3 Etoiles de Domwadju, Zalhata Soilihi. Elle pointe un “déficit de rigueur” chez les joueurs.
90 mn de suspense
Pour le manager d’Apaches club, Saïd Maoulida dit Zigongo, l’espoir est là et l’équipe va se maintenir en D1. “Nous avons un match de retard contre Etoile du sud. Donc, nous avons douze points possibles alors que neuf nous suffiront pour sortir de la zone rouge”, explique-t-il. L’ancien capitaine des Cœlacanthes met en cause un “phénomène de contrats pécuniaires” des joueurs qui freinerait le football local.
Les deux équipes de la ville comptent de nombreux élèves dans leurs effectifs. A ce propos, Nassur Djohar a précisé : “nous préférons, par exemple, les aider au niveau scolaire en assurant leurs écolages. Ici nous n’avons pas la culture des clubs de Bambao qui achètent des joueurs sur la base de contrats fantômes”. Le portier des Cœlacanthes, Mahamoud Mroivili “Lacatus” originaire de la ville soutient, cependant, que le football de Mitsamihuli n’a pas une relève digne du nom et pour cause : “nous avons gardé notre façon traditionnelle de recruter les joueurs”.
Munis, chacun, de ces dix huit points au compteur, les deux équipes feront des déplacements, aujourd’hui, à Vuvuni ya Bambao et à Salimani ya Hambu. Ils seront reçus respectivement par Enfants des Comores et Alizé fort. Après un rapide coup d’œil dans les statistiques, un dirigeant de Coin nord, Mahamoud Halifa alias Legoffe, déclare : “nous allons nous en sortir, je le crois. Mais il faut un peu de sérieux au niveau des instances. Nous avons besoin des neuf points et c’est possible”.
Alors que Mitsamihuli prie pour ses clubs, les joueurs travaillent dur entre la plage de Maloudja et le Stade international Saïd Mohamed Cheikh pour le maintien en D1. Dès ce soir un d’entre ces deux anciens champions nationaux pourrait, en quatre vingt dix minutes, connaitre son sort.
Pour le savoir, revenez demain sur ces mĂŞmes colonnes. Â