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Journalisme à l’ère du numérique I  Médias sociaux : un allié imparfait mais incontournable

Journalisme à l’ère du numérique I  Médias sociaux : un allié imparfait mais incontournable

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Très prisés par une grande partie de la population, probablement en raison surtout de leur facilité de rapporter l’information dans l’instantanéité, les médias sociaux ont certes transformé le paysage médiatique national. Mais le manque d’encadrement engendre quelquefois des dérapages, aux conséquences parfois irréversibles.

 

Le monde entier a célébré hier, mercredi 3 mai la journée mondiale de la presse avec comme thème “la liberté de la presse comme moteur des droits humains». Aux Comores, la date du 3 mai sert toujours d’occasion pour faire le point sur le métier, exercé de plus en plus par des gens pas nécessairement formés pour devenir journalistes. Un phénomène qui prend de l’ampleur depuis l’apparition des médias sociaux.


Ceux-ci se sont multipliés grâce à la libéralisation des télécommunications. L’arrivée d’un second opérateur de téléphonie dans le pays a rendu internet beaucoup plus accessible. Ce qui a favorisé une éclosion de médias virtuels dont les responsables peuvent tout organiser depuis leurs smartphones.
Pour s’en rendre compte, il suffit de jeter un œil sur Facebook où, chaque semaine, des pages «d’informations» voient le jour.


Aujourd’hui, le journalisme comorien doit composer avec ces canaux électroniques, devenus au fil des années incontournables. «Ces nouveaux médias occupent l’essentiel de l’espace médiatique et sont détenus par des non professionnels. Mais le fait que les médias publics du pays soient contrôlés par les pouvoirs et sont accusés de déformer la vérité, les réseaux sociaux, en dépit de leurs imperfections, sont vus comme une alternative», acquiesce, l’ancien journaliste Kamal’ Eddine Saindou. Pour le co-fondateur de Kashkazi, il est indéniable que l’apparition des médias en ligne a apporté plus de liberté, de démocratie et de diversité dans les sujets traités, du fait qu’ils favorisent un élargissement du champ de la prise de parole. Mais à quel prix ? En effet, derrière ce vent de liberté caractérisé par la transmission de l’information en temps réel, via des chaînes Facebook se cachent des «journalistes» qui, pour la plupart, n’ont jamais bénéficié d’une formation.

Pas de formation

Ce vide, devient le terreau de tous les dérapages et manquements constatés sur la toile et qui entachent parfois l’image de la profession dans sa globalité. «Les structures traditionnelles que sont la presse et les médias qui livraient l’information étaient identifiables et respectaient un certain nombre de règles. Cela avait permis d’établir une relation entre lecteur, auditeur et journaliste. Malheureusement avec les réseaux sociaux, tout a été chamboulé», déplore l’ancien conseiller du Conseil national de la presse et de l’audiovisuel.


L’absence de déontologie, même ceux qui exercent dans des médias très présents sur les réseaux sociaux le constatent, comme le reconnait Moustafi Youssouf Mohamed, chef d’antenne à Moroni de la Radio Rtmc, qui détient elle aussi sa chaîne. «Globalement les médias sociaux ne travaillent pas comme il faut. Pour certains, détenir un smartphone est suffisant. Puis s’en suit la création de pages. Ainsi, ils se lancent sans formation et courent derrière les vues et les likes», fait-il observer.

Large public

Le trésorier du syndicat national des journalistes comoriens s’alarme d’un comportement observé depuis l’avènement de ces nouveaux outils de communications. «La recherche de l’argent reste leur priorité et par conséquent, ils rentrent dans la vie privée des autres au lieu d’informer», regrette Mounalim Gachi. Toutefois, a ajouté Toufé Maecha, secrétaire de rédaction du quotidien La Gazette des Comores, il n’y a pas que des dérapages, bien au contraire. «Les médias sociaux favorisent le journalisme dans la mesure où ils aident la profession à toucher un public large», défend-il.


Le seul bémol, selon le directeur de l’information de l’Ortc, réside sur le fait que les non-professionnels détenant ces médias s’intéressent aux faits relevant du sensationnel, en faisant leur fonds de commerce, tout en reléguant au second plan les règles régissant le métier de journaliste. Raison pour laquelle, Kamal ’Eddine Saindou appelle «les médias traditionnels à s’emparer de ces nouveaux outils tout en formant leurs journalistes sur la façon de les utiliser. Quant au Cnpa, le gendarme des médias, il doit entamer une transition, sans pour autant faire régresser les acquis, obtenus ces dernières années grâce aux médias sociaux», plaidera l’ex journaliste de Rfi.

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