Le chef de l’Etat a clôturé, samedi 17 mai au Palais du peuple, le séminaire gouvernemental devant un parterre composé de toutes les couches sociales et des représentants des pays amis et des organisations internationales. Autorités, élus, partenaires au développement, société civile, organisations patronales, opérateurs économiques, notables, cadres de l’administration publique et jeunes. Azali Assoumani s’est félicité des travaux et de l’appropriation de la vision de développement que le pays porte depuis 2019, à savoir l’Emergence des Comores à l’horizon 2030.
Un changement de paradigme
Tout en reconnaissant les chocs exogènes et endogènes qui ont retardé la mise en œuvre du PCE, le président estime que le rythme des réformes et la cadence des actions doivent se mesurer aux défis immenses en face et aux priorités du pays. «Ces priorités sont les vôtres, elles sont aussi les miennes. Elles sont au cœur de la vision que je porte pour notre pays depuis 2016, et que nous devons traduire ensemble en actions cohérentes, coordonnées et durables», a-t-il insisté. «Nous devons ainsi transformer l’énergie de ce jour en dynamique continue. Il ne s’agit pas de produire des rapports. Il s’agit de changer la vie de nos concitoyens», dit-il. «L’heure est à l’exécution, au suivi et au résultat. Le peuple comorien attend de nous des réponses concrètes à ses attentes légitimes, a-t-il souligné.
Le président de la République a insisté sur la nécessité de mettre l’efficacité de l’action gouvernementale au cœur de l’engagement des différents cadres et administrateurs à tous les niveaux des départements ministériels. Il souhaite un changement de paradigme dans le processus d’évaluation des politiques publiques, exhortant un rythme soutenu des actions et des résultats. Pour Azali Assoumani, seuls les résultats permettront désormais de certifier l’efficacité du travail d’un ministre, d’une direction, d’un chef de projet et des responsables des autres entités qui concourent au développement du pays. « Aussi voudrais-je demander à chaque ministre et à chaque responsable de l’Administration, de faire preuve de leadership dans l’exécution de ses tâches, de proximité dans leur mise en œuvre, et de rigueur dans leur évaluation», a-t-il recommandé. «Nous ne devons plus tolérer que des départements ministériels s’enferment dans une routine administrative, alors que le pays attend des résultats visibles, concrets et mesurables. Je le dis ici avec fermeté : le temps de l’inaction est révolu. Chacun doit être à tous les niveaux de notre Etat, pleinement engagé et tenu comptable des responsabilités qui lui incombent», a souligné le président. «J’appelle donc l’ensemble des Secrétaires généraux de nos Administrations, comme cela a été rappelé par le SGG, à jouer pleinement leur rôle de coordination, de suivi, et de pilotage, car sans leur implication, il ne peut y avoir de transformation réelle», a-t-il ajouté.
Un vrai leadership dans les ministères
Si, pour chef de l’Etat, le séminaire a «permis de mesurer les progrès réalisés dans la transformation de notre économie, dans les investissements structurants, dans le développement de certains secteurs clés comme le tourisme, l’agriculture, ou encore l’économie bleue», un travail de coordination et d’alignement des priorités nationales semble échapper à l’impérieuse finesse que devraient intégrer ceux qui incarnent le leadership dans les départements ministériels pour mieux mettre en œuvre les Plans de travail annuels (Pta) alignés aux objectifs du Plan Comores Emergent (Pce). Le constat du président est confirmé, au cours du séminaire, par les chiffres relevés dans les ministères où l’on a noté un taux moyen de réalisation de 12% des activités programmées au premier trimestre 2025.
Le séminaire, souligne le président, «a aussi permis de valoriser les avancées, mais aussi de pointer les retards, les failles et les incohérences», ajoutant que «toutefois, en référence aux présentations qui nous ont été faites ici, il reste des écarts importants entre notre ambition collective et la réalité des résultats » avant de déplorer «un manque d’alignement entre le travail quotidien de certains ministères avec les Plans de travail annuels et la stratégie du gouvernement a ainsi été constaté ».À cinq ans de l’échéance du Plan Comores Emergent (Pce), le président de la République a appelé non seulement à la conscience collective mais aussi à la mobilisation de tous pour concrétiser les objectifs que le pays s’est fixés. Il citera six axes qui contribueront, selon lui, à réanimer les esprits de ceux qui ont la responsabilité du pilotage des plans sectoriels de développement.
Des actions concrètes et les réalités du terrain
Il s’agit de «la redynamisation du partenariat public-privé, pour libérer le potentiel de notre économie, l’exigence de redevabilité dans la gestion publique, à tous les niveaux, l’emploi des jeunes comme levier stratégique et social majeur » mais aussi « l’institutionnalisation de la lutte contre les violences basées sur le genre, la promotion d’une Justice équitable et indépendante et, enfin la consolidation de la paix, de la sécurité et de la stabilité, qui sont les conditions sine-qua-non du développement socioéconomique de notre pays et du bien-être de notre population».
Avant de remettre solennellement des lettres de mission à ses ministres, le président de la République a réitéré sa «confiance à mon gouvernement », ajoutant toutefois que «cette confiance s’accompagne d’une exigence de résultats et de redevabilité ». Il promet de veiller personnellement à l’application des recommandations issues de ce séminaire, à travers un mécanisme rigoureux de suivi et évaluation», estimant que l’évènement «marque une nouvelle étape dans notre gouvernance. Une gouvernance plus responsable, plus solidaire et plus ancrée dans les réalités du terrain».
Remerciant les partenaires des Comores, Azali Assoumani appelle les Comoriens, à commencer par les cadres de l’administration à croire en l’émergence du pays. «Ce renouveau ne viendra ni de l’extérieur, ni du hasard. Il viendra de nous-mêmes, de notre foi en notre Nation, de notre capacité à faire front ensemble, et à faire preuve d’excellence aussi bien dans le service public que dans le secteur privé. Personne ne nous servira mieux que nous même, personne n’aimera ce pays plus que nous même», a encore dit le président avant de conclure : «Allons de l’avant, mes chers compatriotes ! Ensemble, nous sommes capables de faire de l’Union des Comores un pays stable, prospère et émergent».