C’est une alerte que vient de lancer l’institut national de recherche pour la pêche et l’environnement (Inrape). Dans une conférence de presse tenue ce lundi en fin d’après-midi, l’Inrape a annoncé la détection du «varroa», un parasite qui attaque les abeilles domestiques. La présence de ce ravageur a été confirmée par un jeune comorien qui travaille au sein du groupe de défense sanitaire de la Réunion, répondant au nom de Said Abalhassani. Ce technicien sanitaire agricole actuellement en vacances au pays, a fait cette découverte lors d’une visite chez un apiculteur.
«J’ai d’abord prélevé un échantillon. Ce sont donc les résultats qui m’ont permis d’affirmer qu’il s’agit bel et bien du varroa», a-t-il expliqué.
Au cours de cette rencontre avec les médias, qu’il a co-animé avec le directeur général de l’Inrape, Hamza Abdou Azali, ce spécialiste de la santé des abeilles a dressé une liste non exhaustive des ravages que peut causer le varroa. «Là, tout de suite, l’abeille piquée par le parasite ne présente aucun danger sur le miel encore moins sur la santé du consommateur. Sur le long terme en revanche, elle fait courir de nombreux risques sanitaires. A un moment, le miel se transformera en vinaigre par exemple», a ajouté Said Abalhassani.
Fruits
Parmi les conséquences répertoriées, en plus de la baisse de la productivité, on évoque, entre autres, la perte de la biodiversité forestière et l’introduction, via le système de l’abeille, des virus et des bactéries causant beaucoup d’intoxications alimentaires. Selon un rapport technique de l’Ong Greenpeace datant de 2013, entre 60 et 90% des plantes sauvages dépendent des insectes polinisateurs. «Les bananeraies, les fruits, tels les agrumes, les litchis, ou les papayes seront impactés, avec surtout une réduction de la taille des fruits. Car toutes ces cultures ont besoin de la pollinisation des abeilles. Donc, ce n’est pas seulement la production du miel qui en prendra un coup, mais toute une partie de l’économie», a souligné M. Abalahassan.
Notons qu’à la Réunion, où le varroa a été détecté pour la première fois en 2017, la mortalité des abeilles est passée de 0.02% à 40% en l’espace d’une année. «Pendant cette période, le nombre de tonnes de miel produites par an est passé de 36 à 7. D’où, l’urgence de se mettre d’accord pour éradiquer ce ravageur», a insisté le directeur de l’Inrape qui a annoncé le déploiement, dans les prochains jours, d’une équipe sur le terrain pour mener des inspections et recenser les apiculteurs en activités. Pour lutter contre ce parasite, la mise en place d’un plan d’urgence est nécessaire, a plaidé le technicien sanitaire agricole. Ce dernier a rappelé que les Comores faisaient partie des rares pays qui étaient épargnés par le varroa. Pour l’heure, seuls l’Australie et quelques îles ont échappé à ce ravageur.