Telco a soufflé il y a une semaine sa cinquième bougie depuis qu’il a lancé officiellement ses activités en tant qu’opérateur de Tics aux Comores.En effet, le 6 décembre dernier marquait les 5 ans de l’arrivée de la société à la couleur jaune, qui a mis un terme au monopole (du cellulaire) de plus de deux décennies de Comores Telecom.Pour célébrer ce mois «d’anniversaire», l’opérateur mobile a annoncé à l’occasion le lancement d’une multitude d’offres promotionnelles et de jeux – notamment une tombola – dont les 22 gagnants empocheront chacun, la bagatelle somme de 1 millions de francs.
L’actuel directeur de Telco, Christophe Olivier, s’en est même félicité des prouesses de son entreprise qui, en si peu de temps a réussi à bouleverser le paysage des télécommunications.Mais, malgré l’amélioration de la qualité des services et la baisse des tarifs constatés au cours de ces cinq dernières années – grâce notamment à son entrée sur le marché, – Telco reste en revanche cet opérateur dont les rapports avec les acteurs du secteur n’ont toujours pas été un long fleuve tranquille.
Aucune convention depuis juin
Le dernier différend en date (toujours d’actualité) est celui qui l’oppose au gestionnaire national des câbles. Depuis le mois de juin 2021, ce dernier a coupé la capacité à l’opérateur privé de téléphonie.On y évoque des mésententes sur les termes du contrat censé lier les deux parties. Il y a six mois en effet, la direction de Comores câbles affirmait que son ancien client n’avait pas renouvelé la convention de 4 mois, signée au mois de décembre.
Selon des responsables du secteur, le blocage se situerait sur la facturation des prestations. Telco voulant bénéficier d’une remise large et importante. Jusqu’à maintenant, aucun accord n’a été arraché aux dépens des abonnés de Telco, dont certains continuent à prendre leur mal en patience «avec une connexion internet qui laisse à désirer», selon des usagers.
Pour supporter ces dégâts, le second opérateur, utilise pour l’instant des backups. D’où les problèmes de connexion ressentis au cours de ces six derniers mois. Mais pour comprendre cette longue crise, revenons un peu en arrière. Nous sommes en 2020, lorsqu’un litige remontant en 2018 refait surface.Après deux ans de mésentente, Telco et Comores câbles signent enfin un accord d’un an (nov-2018 au 31 décembre) sur la fourniture de cross-connect, 4STM4, pour être précis. Estimant avoir rempli sa part, le gestionnaire national de câbles a annoncé le 6 janvier 2020, qu’il ne considérait plus Telco comme client au-delà du 5 janvier.
Mis en demeure
Il en a profité pour l’inviter à signer une nouvelle convention. Surpris, le second opérateur n’avait pas tardé à réagir, soulignant qu’il n’avait bénéficié que 2 Stm4 au lieu de 4 prévus dans le contrat. Le juge de référé lui donnera raison et obligera un rebranchement en guise de compensation jusqu’en juillet 2020. Comores câbles réclamera 1 millions 800 000 dollars. Mais Telco contestera la somme. Une intransigeance qui a causé sa désactivation de la station, le 30 juin de la même année. En 2017, toujours pour des histoires de factures impayées, l’opérateur de téléphonie avait subi une coupure.
L’autre point d’achoppement qui empoisonne depuis 2020, les relations entre le concurrent de Comores Telecom et le principal fournisseur de câbles, est l’arrêté accordant à ce dernier l’exclusivité de la vente des capacités. Selon le document, signé en 2018 mais révélé un an plus tard, seul Comores câbles, a le droit de vendre de la capacité aux Comores.
Une telle prérogative interdit de facto à Telco de s’approvisionner auprès de Telma, membre du consortium Eassy. Se sentant lésé, l’opérateur à la couleur jaune, portera l’affaire devant la justice. Mais malgré l’arrêt de la cour de cassation rendu en septembre, en faveur du ministère des tics, il ne bronchera pas.
Cette intransigeance a même conduit au débranchement du second opérateur, le 30 septembre 2020. La connexion n’a été rétablie que le 23 octobre. Si en décembre, un accord a permis à Telco et Comores câbles de signer une convention qui s’étalait jusqu’en avril 2021, les deux parties n’ont jusqu’à présent pas pu s’entendre sur les termes d’une nouvelle convention. L’année 2021 fut aussi rythmée par les rappels à l’ordre du régulateur national des Tics envers Telco.D’abord en septembre lorsque le second opérateur refusait d’appliquer la décision fixant les tarifs planchers sur les terminaisons d’appel.
La filiale de Telma, à cause de sa résistance, avait été mise en demeure avant de se conformer.
Rappelons que 4 mois plus tôt, Telco a refusé d’utiliser la tarification internationale pour les appels à destination et en provenance de l’île comorienne de Mayotte.C’était au mois d’avril. Il a fallu que le régulateur tape du poing sur la table pour que Telco se soumette.
