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AprĂšs le projet de loi portant crĂ©ation des tribunaux de commerce que les parlementaires viennent dâadopter, le ministĂšre de la Justice sâapprĂȘte Ă prĂ©senter, aujourdâhui Ă lâassemblĂ©e nationale, son autre projet de loi âmodifiant et complĂ©tant certaines dispositionsâ de la loi No 79-12 du 12 dĂ©cembre 1979 portant code de la nationalitĂ© comorienne.
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Dans un contexte de âmondialisation dâactes barbares et de fraudes en tout genreâ, le ministre dâĂtat Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Fahmi SaĂŻd Ibrahim estime quâil est temps de moderniser le code de la nationalitĂ© qui date dâune Ă©poque oĂč, le flux migratoire nâĂ©tait pas aussi soutenu.
Lors de son exposĂ© de motifs en conseil des ministres le 28 novembre 2016, outre lâarrivĂ©e massive des Ă©trangers sur le territoire comorien, le ministre de la Justice a soulevĂ© Ă©galement la question des âtrafics et des fraudes en tout genre comme la cĂ©lĂ©bration de mariage blancâ.
Cette pratique qui consiste à célébrer des mariages avec des étrangÚres afin que ces derniÚres puissent acquérir la nationalité comorienne est, selon des sources concordantes, trÚs prisée chez certaines femmes de nationalité étrangÚre à Moroni.
âPour sâen rendre compte, il suffit de parler du sujet devant elles puisquâelles ne piperont aucun motâ, assure un enquĂȘteur.
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Câest un sujet devenu tabou parce quâelles savent que cette question a atterri Ă lâassemblĂ©e nationale. Elles sont au courant quâelles vont toutes perdre cette nationalitĂ© acquise par des voies douteuses.
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Selon certaines indiscrĂ©tions, ces femmes nâhĂ©siteraient pas Ă payer des Comoriens environ 200.000 kmf pour contracter un âmariage blancâ en vue dâobtenir la nationalitĂ© comorienne.
Un lien matériel et affectif
Aujourdâhui, Fahmi Said Ibrahim devra donc convaincre les dĂ©putĂ©s sur le bien fondĂ© de la nĂ©cessitĂ© de modifier les procĂ©dures dâacquisition de la nationalitĂ© comorienne par une ressortissante Ă©trangĂšre par le biais du mariage en la conditionnant Ă une rĂ©elle âcommunautĂ© de vieâ dâau moins dix ans ramenĂ©e Ă cinq ans âsi un enfant naĂźt de cette unionâ (art 15-4) entre un comorien et une Ă©trangĂšre.
Au vu du projet de loi portant modification de certaines dispositions du code de la nationalitĂ© comorienne quâAl-watwan a pu consulter, les amendements devraient se concentrer, principalement, sur cet article 15 qui dispose, entre autres, que âla nationalitĂ© comorienne peut ĂȘtre accordĂ©e Ă la femme Ă©trangĂšre qui Ă©pouse un Comorien, qui justifie une communautĂ© de vie conjugale, qui rĂ©side rĂ©guliĂšrement et habituellement en Union des Comores depuis au moins dix annĂ©es qui prĂ©cĂšdent le dĂ©pĂŽt de sa demandeâ.
Lâarticle 15 de la loi en vigueur prĂ©cise, pour sa part, que la femme Ă©trangĂšre qui Ă©pouse un comorien acquiert la nationalitĂ© comorienne, au moment de la cĂ©lĂ©bration du mariage, devant lâofficier de lâĂ©tat civil.
DĂ©sormais, pour que lâĂ©pouse Ă©trangĂšre puisse obtenir la nationalitĂ© comorienne, certains Ă©lĂ©ments doivent ĂȘtre rassemblĂ©s pour former la âcommunautĂ© de vieâ.
Il faut en effet un Ă©lĂ©ment matĂ©riel Ă savoir une rĂ©sidence, un Ă©lĂ©ment affectif Ă lâimage de relations intimes ou de liens affectifs forts comme le partage du lit conjugal.
Selon le texte qui sera prĂ©sentĂ© aux parlementaires, le dĂ©lai de dix ans peut ĂȘtre rĂ©duit Ă cinq en cas de naissance dâun enfant dans cette union.
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âInconstitutionnelleâ
Sur la possibilitĂ© quâune femme comorienne puisse donner la nationalitĂ© Ă son conjoint Ă©tranger, une source proche du dossier explique que sur ce point, âlâĂtat se conforme Ă la religion musulmaneâ qui ne permettrait pas les mariages mixtes entre une femme musulmane et un homme Ă©tranger dâune autre religion.
Pour certains juristes Ă lâimage de Rafsandjani Mohamed, cette façon de voir les choses est âcontraire Ă la Constitutionâ qui dans son prĂ©ambule âgarantit les mĂȘmes droits et libertĂ©s aux Comoriens sans distinction de sexe.
Lâislam est la religion dâEtat et non du peuple. Si le mariage doit transmettre la nationalitĂ©, il doit le faire pour tous les citoyensâ, a-t-il expliquĂ©.
Le nouveau code de la nationalitĂ© devrait donc reconnaĂźtre le mot âmariage blancâ (art 15-2), donner lâobligation Ă quiconque aura connaissance dâun mariage blanc de le dĂ©noncer devant les autoritĂ©s judiciaires (art 15-3) et que le mariage soit rĂ©guliĂšrement cĂ©lĂ©brĂ© et enregistrĂ© dans le registre de lâĂtat civil (art 18).