Les autorités multiplient les rencontres de haut niveau à l’international à 50 jours du sommet historique des chefs d’Etat de l’Union africaine censé entériner le nom du pays qui devrait occuper la présidence en exercice de l’organisation continentale. Le poste de président est actuellement occupé par la République du Sénégal alors que celui de premier vice-président est resté vacant après les convoitises exprimées par le Kenya et les positions affichées par les Comores (deuxième vice-président). Le pays devrait en principe occuper le prestigieux poste conformément à la coutume de la Commission.
Le 36eme sommet des chefs d’Etat de février 2023
Les Comores semblent aujourd’hui partir sur de bonnes bases pour prendre la tête de l’institution après de nombreuses tractations diplomatiques de plus de six mois. Le vent tourne en faveur de l’archipel, selon les dernières informations confortées par des notes de plusieurs chancelleries occidentales en Afrique. Le dernier sommet de Niamey en novembre dernier a été décisif pour l’Union des Comores d’affiner sa candidature et de défendre son droit légitime à succéder au Sénégal à l’issue du 36eme sommet ordinaire prévu au début du mois de février 2023 à Addis-Abeba.
Après les mini-tournées diplomatiques effectuées dans de nombreux pays africains en octobre dernier, les Comores ont intensifié les rencontres informelles avec de hauts responsables mondiaux et du continent à Washington à l’occasion du 2eme sommet Etats-unis-Afrique. Le président de la République, Azali Assoumani, en a profité pour partager ses ambitions pour son pays et sa vision pour l’Afrique, appelant à plus d’unité et de solidarité face aux grands défis géopolitiques, socio-économiques, sécuritaires et environnementaux du continent.
Echanges avec de personnalités clés de la politique américaine en Afrique dont la présidente de la chambre des représentants, Nancy Pelosi, la secrétaire d’État adjointe aux Affaires africaines, Molly Phee, rencontre avec la directrice de la Banque mondiale pour la région d’Afrique de l’Est et australe , Victoria Kwakwa, tête-à-tête avec le président kenyan William Ruto, le président de la République poursuit ses discussions pour renforcer le capital de confiance dont il jouit auprès de ses pairs africains et des organisations continentales à l’exemple de la Banque africaine de développement (Bad).
Au sujet de la présidence de l’Union africaine, Azali Assoumani et William Ruto ont estimé nécessaire «de parvenir à un consensus sur ce sujet dans l’intérêt de la région», promettant d’œuvrer ensemble en faveur de la coopération bilatérale avec d’éventuels échanges économiques dans tous les domaines qui seront scellés au cours des visites «chacun dans le pays de l’autre dès l’année prochaine».
S’agissant des questions intérieures, le chef de l’Etat, en plein sommet Usa-Afrique, s’est montré ouvert à tout partenariat qui permettra à l’Union des Comores de consolider ses acquis démocratiques et soutenir ses ambitions socio-économiques. Devant la secrétaire d’État adjointe aux Affaires africaines, Molly Phee, les discussions s’étaient focalisées sur les questions de gouvernance et des opportunités offertes aux Etats-unis dans le cadre du programme Agoa (African Growth and Opportunity Act) dont les Comores font partie des 38 pays éligibles.
Renforcer le capital de confiance dont jouit l’Union des Comores
Les Etats-unis ont exprimé le besoin de diversifier leurs programmes d’intervention aux Comores. Et au cours des échanges, il a été «souligné l’importance pour les deux pays de continuer à œuvrer en étroite collaboration pour consolider la paix et la sécurité aux Comores» mais aussi «le souhait de voir le Sommet USA-Afrique redynamiser les relations entre les USA et le continent africain notamment à travers le suivi effectif de ses recommandations», selon le site de Beit-Salam.
Le président de a République s’est entretenu avec le premier ministre du royaume du Maroc, Aziz Akhannouch avec qui ils ont évoqué le nécessaire plan de recapitalisation de la Banque Fédérale de commerce (Bfc) sous administration provisoire de la Banque centrale des Comores et dont une reprise définitive par un investisseur étranger permettra de sortir l’établissement de ses ténèbres.«Le premier ministre marocain a évoqué les discussions engagées avec les autorités comoriennes, notamment le Gouverneur de la Banque Centrale des Comores, au sujet de l’acquisition potentielle de la Banque Fédérale de Commerce (Bfc) par la Bank of Africa (Boa)», indique la page officielle de Beit-Salam.
L’entrée de l’Afrique au Conseil de sécurité et au G20
Avec la Banque mondiale, les deux parties ont passé en revue les actions engagées par l’institution aux Comores notamment les projets de connectivité inter-île, le soutien aux secteurs de l’énergie, de la santé. «La vice-présidente a réaffirmé la volonté de l’institution d’accompagner le pays dans son programme de développement, notamment la mise en œuvre du Plan Comores Émergent, en vue de la réalisation de la vision d’émergence du Chef de l’État, à l’horizon 2030», a-t-on indiqué.
S’agissant des questions internationales et régionales, Azali Assoumani a manifesté sa position constante sur la guerre en Ukraine avec ses conséquences économiques notamment dans les pays du Sud, exprimé ses inquiétudes sur le choc climatique et fait part de ses craintes sur certains conflits en Afrique qui aggravent l’insécurité de millions de populations innocentes. Le chef de l’Etat a, par ailleurs, salué l’engagement du président américain de plaider en faveur de l’entrée de l’Afrique au G20 et au Conseil de sécurité de l’Onu.
A l’occasion du deuxième sommet Etats-unis-Afrique (après celui de 2014 sous Barack Obama), Joe Biden a appelé les dirigeants africains à considérer les Etats-unis comme «un allié sûr» devant aider le continent à réussir sa transformation économique et poursuivre son intégration dans les grandes instances décisionnelles du monde comme le Conseil de sécurité des Nations-Unies où depuis les reformes d’élargissement initiées par feu Kofi Annan, le continent réclame au moins un siège de membre permanent.
Les Etats-unis ont promis d’œuvre dans ce sens et annoncé une enveloppe de 55 milliards de dollars allouée à l’Afrique sur trois ans pour permettre au continent de soutenir ses grandes politiques de développement dans tous les secteurs. Les discussions engagées pendant le Business Forum organisé en marge du sommet ont permis d’identifier des axes clés comme l’agroalimentaire, les énergies renouvelables, la promotion de la gouvernance et de la démocratie en Afrique. «Les États-Unis veulent réaffirmer leur intérêt pour l’Afrique, et leur volonté de mettre l’accent sur l’importance des voix du continent sur la scène internationale», a-t-on expliqué.