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Après le passage du cyclone Kenneth et l’ampleur des dégâts, le président de l’Union a pris la décision de ponctionner 10% des salaires des fonctionnaires et agents des sociétés d’État. Une décision qui a du mal à passer. Quelle est votre réaction par rapport à cette incompréhension ?
Cette décision a été prise à la suite d’une catastrophe naturelle qui a touché directement ou indirectement tous les Comoriens. Nous devons comprendre que ce chiffre de 10% ponctionné sur les salaires équivaut à 240 millions, loin de régler ne serait-ce que les problèmes répertoriés par la Sonelec. En vérité, il s’agit ici d’un devoir moral qui consiste à ce que les salariés aident le pays à se relever de cette catastrophe. Nous sommes face à une situation d’extrême urgence et des décisions devaient être prises ne serait-ce que par rapport aux 600 millions que la Sonelec attend pour se remettre des dégâts afin d’éviter la perspective d’un Ramadan sans électricité.
Encore une fois, il est question d’une aide collective mais quiconque ne veut pas participer à cet élan de solidarité, peut le signifier. La question qui se pose, est-ce qu’il y a un Comorien qui ne voudrait pas aider son pays en pareille circonstance. Certains ont tout perdu, que ce soient les habitations, les cultures, entre autres. Avant d’attendre des aides extérieures, au regard de l’extrême urgence de la situation, tous les salaires seront ponctionnés de 10% pour le mois de mars et les superstructures le seront également pour avril. Un compte bancaire est ouvert à la banque centrale des Comores et quiconque veut participer à l’effort national, doit passer par ce compte que ce soit les Ong, les particuliers, les partenaires, les pays amis. Je tiens à préciser que ceux qui ont déjà perçu le salaire de mars seront ponctionnés le mois suivant.
Certains se montrent réticents à l’idée de ponctionner leur salaire au motif que cette manne financière ne sera pas bénéficiée par les plus nécessiteux. Comment peux-t-on donner des garanties quant à la gestion de cet argent ?
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L’argent et la gestion sont deux questions différentes. C’est facile de parler de mauvaise gestion mais on ne dit jamais comment et qui en est responsable. Il faut savoir que nous sommes dans une dynamique de changement. La preuve, certaines hautes autorités sont emprisonnées pour une mauvaise gestion des deniers publics. Un compte a été ouvert et les gestionnaires de ce compte seront connus. Il ne faudra pas venir affirmer que l’argent s’est volatilisé. Il sera question de dire comment et qui en est l’auteur de la mauvaise gestion avec des certitudes et des preuves à l’appui.
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L’on parle également du budget qui prévoit 1,067 milliard pour les catastrophes naturelles mais aussi la question de la légalité de la décision prise par le gouvernement. Que pouvez-vous répondre sur ces deux points ?
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S’agissant du budget et de la somme que vous venez d’évoquer, bien que je ne sois pas un expert dans ce domaine, je pense que depuis 1975, il y a toujours eu un décalage budgétaire entre les prévisions et les réalisations. Cette somme évoquée, je ne suis pas en mesure de savoir si elle existe en réalité ou si elle a été seulement mentionnée. Aussi loin que je me souvienne, on a toujours eu un budget déficitaire. Dans les meilleurs des cas, nous atteignons 50% des prévisions. Si je ne me trompe pas, on a jamais eu un budget équilibré n’en parlons plus d’un budget excédentaire. En ce qui concerne la légalité de la décision, on peut toujours en discuter. Personne n’oserait affirmer que c’est facile d’être ponctionné sur son salaire mais nous devons prendre en compte la situation actuelle. Quelqu’un qui ne veut pas aider, serait-il content de recevoir une aide ? la question sur la légalité ne répond pas à la nécessité qui veut que tous les Comoriens aident en attendant les autres. Je ne pense pas qu’il y ait des divergences sur l’objet et la pertinence de cette décision. Quant aux modalités, on peut en discuter. Tous les Comoriens sont touchés puisqu’on parle de plus de 100.000 nécessiteux.