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Ali Chamassi «Le dialogue et le débat épousent la paix et la stabilité»

Ali Chamassi «Le dialogue et le débat épousent la paix et la stabilité»

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Membre fondateur et premier président de l’association des consommateurs créée en 1997 (qui deviendra plus tard Fédération comorienne des consommateurs, Fcc), membre fondateur également de l’association des droits de l’homme créée en 1995 (qui deviendra en 2003 Fédération comorienne des droits de l’Homme, Fcdh), Ali Chamassi, syndicaliste affirmé et ancien membre de la confédération des travailleurs et travailleuses des Comores (Ctc) réagit sur la vaccination et le dialogue national. Malgré son statut d’opposant, ce membre influent du mouvement «Mim», lequel a soutenu la candidature de Bourhani Hamidou lors de l’élection présidentielle de 2016, Ali Chamassi appelle les Comoriens à ne pas jouer la politique de la chaise vide concernant le dialogue convoqué par le président Azali. Il appelle également la population à se faire vacciner pour, selon lui, des raisons sanitaires et pour endiguer la pandémie dans le pays.

 

Le président de la République invite les acteurs politiques à un dialogue national pour, dit-il, discuter de l’avenir politique du pays. Qu’en dites-vous ?

Tout d’abord, je tiens à préciser ma position politique. Je suis opposant de premier plan à ce pouvoir. Je m’oppose au président Azali politiquement parlant et non par haine. Je m’oppose farouchement à sa formation politique, la Crc. Cependant, j’approuve l’idée du dialogue national. Le dialogue et le débat épousent la paix et la stabilité. Je trouve qu’il est indispensable de s’asseoir pour discuter de l’avenir du pays. Dans un pays, rien n’est plus important qu’un dialogue, que les échanges qui permettent de résoudre les antagonismes.


Pour ce qui est de l’ordre du jour, je proposerais qu’une grande réunion qui rassemblerait les opposants, les notables, la société civile, les associations féminines, entre autres, soit organisée pour recueillir les idées et formuler les sujets à proposer à l’ordre du jour du dialogue national. Résumer nos propositions pour présenter à la coordination nationale du dialogue. Nous demanderons que le dialogue ne soit pas à huis clos, mais ouvert au public dans un lieu comme le palais du peuple, avec des hauts parleurs.

Le camp de l’opposition auquel vous appartenez ne veut pas y participer. Partagez-vous cette position ?


Politicien que je suis, syndicaliste et membre de la société civile que j’étais, j’avoue par contre que me suis trompé concernant les assises nationales en ne participant pas à cette réunion. Et je ne veux pas, une nouvelle fois, me tromper encore. Je ne suis pas alors de cet avis. Je suggère que tous les Comoriens, toutes catégories et couches sociales confondues, prennent part à ce rendez-vous national.

Pour moi, il faut mettre en avant les intérêts sacrés du pays. Il faut affronter ce pouvoir, il faut discuter avec les ténors de ce pouvoir, leur tenir têtes, sinon on risque de les laisser faire à leur guise. On risque en 2024 d’être témoins des élections présidentielles similaires à celles de 2019 : Gwa ndzima (premier tour seulement, ndlr). Vaut mieux participer à ce dialogue, proposer et défendre nos points de vue. Il ne faut pas oublier qu’Azali Assoumani est un président mais aussi un militaire formé sur comment gouverner. Il profitera toujours de notre absence. C’est à travers ces échanges qu’on prendra l’opinion nationale et internationalecomme temoins, de ce qu’on veut, de nos suggestions.

Si tout le monde est présent, ce serait une occasion d’évoquer les questions des prisonniers dits politiques, des exilés, mais également aborder les sujets qui fâchent, les points qu’on juge incohérents. En tout cas, selon moi, le temps d’affronter le pouvoir et exposer nos suggestions est venu, il ne faut pas le louper, il ne faut pas passer à côté comme nous l’avons malheureusement fait lors des assises nationales. Ce pays n’appartient pas à Assoumani Azali, il va partir un jour comme tout le monde, mais le pays et les institutions vont rester, les idées et les projets aussi. Alors, qu’on aille au dialogue. Personnellement, si on m’invite, je répondrais présent.

Pour participer à ce dialogue, l’opposition exige parmi les conditions, la libération des prisonniers politiques. Etes-vous de cet avis ?

Pour ce qui est de la libération des prisonniers politiques, je me réserve le droit de dire qu’il s’agit d’une question épineuse, car je ne détiens pas d’informations suffisantes pour dire que les personnalités concernées sont détenues pour des raisons politiques ou non. Par contre, ces questions peuvent être abordées lors des échanges. Récemment, j’ai lu sur Al-watwan une opinion de Mohamed Ben Chinois dans lequel il soulignait que le dialogue est convoqué par le président Azali mais n’appartient pas à Azali. J’adhère à ce point de vue selon lequel les Comoriens doivent s’approprier ce dialogue et diriger nous-même les échanges. On n’a pas besoin de Lamamra, ni Madeira, ni qui que ce soit de l’étranger pour la gestion des échanges inter-comorien.
Nous, Comoriens, pouvons discuter entre nous pour notre devenir. Sinon le pays sera abandonné, comme c’est le cas actuellement, à Houmed Msaïdié du pouvoir et à Ibrahim Abdourazak (Razida) de l’opposition pour dire ce qu’ils veulent.

Concernant l’ordre du jour, avez-vous des propositions personnelles ?


J’en ai. Premièrement, j’aimerais que le chef de l’Etat convoque officiellement tous les acteurs politiques via des invitations écrites et affichées et publiées partout où besoin serait pour prendre les Comoriens à témoin car l’histoire est le seul juge comme aimait le dire feu président Ali Soilihi. J’aimerais en outre que le dialogue soit ouvert à tous dans un lieu public et diffusé via de hauts parleurs, qu’on implique tout le monde. Je voudrais qu’il y ait un secrétariat permanent où seront affectés des représentants de tous les camps pour recueillir et rassembler toutes les idées et propositions qui seraient pondues.

Concernant la pandémie de la Covid-19, plusieurs Comoriens refusent de se faire vacciner. Respectez-vous leur choix.
Bien sûr que je respecte leur choix, mais je ne suis pas du tout avec eux. Je saisi l’occasion pour louer Allah pour m’avoir laissé en vie jusqu’à lors, sachant que cela fait 5 ans que je lutte contre un Avc. Je tiens à souligner, et je le dis en connaissance de cause, que la santé et la vie ne sont pas discutables. Cette pandémie a déséquilibré le monde entier. Nous avons eu de la chance que le gouvernement ait compris rapidement l’ampleur de la maladie.
Allah nous a protégés, c’est vrai, mais le gouvernement n’a pas non plus baissé les bras. Tous les garde-fous ont été mis en place. Je profite de cette occasion pour remercier le président Azali pour les efforts consentis afin de faire face à cet ennemi invisible. Le gouvernement a mis en place des mesures barrières pour contrecarrer les effets de la maladie, l’on a instauré les structures adéquates. Le ministère de la Santé travaille avec le comité scientifique sur les mesures, les médicaments et la vaccination. Mais, j’ai senti que plusieurs personnes veulent politiser le vaccin anti-covid.

Politiser ? Comment ?


Oui. J’ai dit bien politiser. Quand tu entends des gens dire qu’ils ne vont pas faire la vaccination parce qu’ils ne soutiennent pas le président Azali. Je crois qu’ils se trompent totalement. Moi, je suis opposant, pourtant je me suis fait vacciner, à Madagascar où je poursuivais des soins, puis ici. Ma santé n’a rien à voir avec le président Azali. Certaines personnes veulent mélanger la question de la santé, de la vaccination anti-covid avec la politique.Or, notre santé est capitale. Nous avons vécu le Delta, actuellement c’est Omicron qui fait des ravages. Tout le temps il y a des variants. Azali gouverne un pays et ce pays nous appartient. Je rigole vraiment quand j’entends une personne instruite qui déclare qu’il ne fait pas de vaccin au profit d’Azali. C’est quoi cette histoire ? Qu’on fasse la part de chose, la politique et la santé de la population. Qu’on arrête la cacophonie.

La sensibilisation, la lutte et la prévention contre la covid-19 est l’affaire de tous. D’ailleurs, je tiens à remercier la diaspora et les associations qui ont apporté beaucoup de matériels dans le cadre de la lutte contre cette maladie, avec des produits hygiéniques, des seaux, des gels hydro-alcooliques, des cache-nez, des denrées alimentaires pour venir en aide aux villes et aux villages. Alors, ne tergiversons pas. Contrairement à la politique de désinformation menée ici et là, je m’attendais à ce que l’opposition propose une politique de lutte et demande au gouvernement de l’exécuter. Je m’attendais à ce que le gouvernement fasse ceci et l’opposition fasse cela pour lutter contre la maladie. C’est comme ça que nous les centristes aimerions voir les choses évoluer.

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