La maison brûle et notre ministre regarde ailleurs. Depuis la nomination du nouveau gouvernement le 26 août dernier, le ministre de l’Education nationale, Djaffar Salim, a su s’imposer sur la scène et totalise le record des flashes et des vidéos amateurs sur le territoire national. Entre des tournées sur le terrain, des rencontres avec différents acteurs, des participations à des cérémonies de remises de certificats à des bacheliers dans différentes localités et même des invitations dans des villages dont une à Bangwa-kuni pour, dit-on, «remercier la communauté locale pour l’avoir adopté» au lendemain de sa nomination au poste de ministre de l’Education. On le voit partout. Il est partout mais pour quel intérêt ?
La rentrée scolaire est déjà effective mais rien de concret n’a été fait. Une situation qui laisse perplexe quand on sait comment se sont déroulés les derniers examens nationaux qui ne sont pourtant que la partie émergée de l’iceberg. Le ministre donne l’impression qu’il n’y a pas d’urgence, lui qui est là depuis août dernier. A le voir aller de ville en ville, d’école en école et de rencontre en rencontre, et d’une caméra à une autre, on a l’impression que c’est le seul fait d’être visible qui lui importe.
Djaffar Salim a-t-il réellement besoin d’agir de la sorte ? Cette façon d’agir est-elle bénéfique à son ministère ou à sa personne ? Qu’en est-il de la mission qui lui a été assignée ? A sa décharge, il dira qu’il va sur le terrain prendre la pleine mesure de la réalité. Seulement, a-t-il besoin de se rendre dans une dizaine d’établissements et de villes, si ce n’est plus, pour apprendre ce que nous savons tous ? Absolument pas.
Avidité ou nécessité ?
Alors, avidité ou nécessité ? Les résultats toujours attendus laissent croire à la première option. Mais si ces va-et-vient lui sont nécessaires, grand bien lui fasse ! Par contre, le peuple et l’argent du contribuable attendent plus d’un homme porté à la tête d’un secteur sinistré comme celui de l’Education nationale que des tournées,telle une Rockstar. Et ce d’autant que les problèmes sont légions : affectations de certains enseignants qui attendent toujours, des ambitieuses reformes tombées aux oubliettes et des documents détaillant les stratégies à suivre moisissent dans des tiroirs depuis des années, des projets qui n’avancent pas, voire complètement abandonnés, des infrastructures scolaires en état de délabrement avancé, des formations jugées inadaptées aux besoins du pays, une formation professionnelle quasi inexistante.
Bref, des problèmes déjà identifiés par ses prédécesseurs, mais qui attendent des solutions, sauf qu’au lieu de se pencher sur ces sujets à temps plein, monsieur le ministre préfère aller savoir ce qu’il sait déjà. Pendant ce temps, les problèmes s’accumulent. La politique politicienne dont il fait montre n’est tout bonnement pas adaptée à son ministère ni à l’urgence de la situation. On a l’impression que Djaffar Salim Allaoui est toujours à la fête depuis le 26 août.
Alors oui, se rendre sur le terrain est nécessaire, mais ce n’est pas une finalité, loin de là. Au risque de me répéter, le constat a été fait depuis longtemps et les problèmes identifiés, ne restent qu’à trouver les solutions. Sauf que pour y parvenir, il faut désormais être moins sur le terrain et plus sur la réflexion et l’action, différemment. La rentrée est arrivée et avec elle les devoirs monsieur le ministre… Bonne rentrée à toutes et à tous !.