logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Hamidou Mhoma, TrĂ©sorier de la Nouvelle Organisation Patronale des Comores : «Aujourd’hui, le noeud du problĂšme demeure l’accĂšs aux financements»

Hamidou Mhoma, TrĂ©sorier de la Nouvelle Organisation Patronale des Comores : «Aujourd’hui, le noeud du problĂšme demeure l’accĂšs aux financements»

Android gps rencontre ProstituĂ©e vincennes 2011 | - Pays bas rencontre   Dimension panneau zone de rencontre

image article une
«Si le pays veut s’engager dans la voie de l’émergence, il aura besoin d’investir dans le tissu productif. Les importations ne peuvent tirer l’économie du pays vers le haut. Et quand on parle de «productif» on travaille dans le long terme. J’espĂšre donc que l’idĂ©e de crĂ©er une banque d’investissement se concrĂ©tisera». «Il est vrai que les taxes douaniĂšres n’ont pas changĂ© et que ce qui a Ă©tĂ© remis en cause ce sont certaines facilitations qui sont discrĂ©tionnaires et au grĂ© de l’autoritĂ© douaniĂšre. Ils sont donc en droit de les accepter ou non. Il faut savoir, toutefois, que dans toutes les douanes du monde, il y a cette notion de crĂ©dit en douane».

 

W’E. : Le gouvernement vient de crĂ©er la SociĂ©tĂ© nationale d’investissement qui aura, entre autres missions, Ă  soutenir l’action d’entreprises dĂ©jĂ  existantes ou Ă  en crĂ©er et de jouer le rĂŽle promoteur ou complĂ©mentaire lĂ  oĂč les sociĂ©tĂ©s privĂ©es seraient dĂ©faillantes.

L’idĂ©e est louable. Il y a lĂ  des bonnes intentions affichĂ©es dans la crĂ©ation de la Snic. Je pense, cependant, qu’on aurait mieux gagnĂ© en efficacitĂ© si on avait plutĂŽt crĂ©Ă© une banque d’investissement qui permettrait au secteur privĂ©, aujourd’hui jugĂ© dĂ©faillant, d’avoir accĂšs plus facilement Ă  des financements.

En effet, la raison de cette «dĂ©faillance» n’est autre que le sous-financement. On dit que nos banques sont en surliquiditĂ©, que les encours des crĂ©dits ne cessent de croĂźtre chaque annĂ©e, mais on ne voit pas rĂ©ellement l’investissement qui a Ă©tĂ© fait par rapport Ă  cela du fait, tout simplement, que les banques n’accordent des crĂ©dits que de fonctionnement mĂȘme s’il est vrai que les entreprises ont besoin d’argent pour fonctionner. Aucune banque n’accorde des crĂ©dits d’investissement.

D’ailleurs si le pays s’engage dans la voie de l’émergence, il aura besoin d’investir dans le tissu productif. Les importations ne peuvent tirer l’économie du pays vers le haut. Et quand on parle de «productif» on travaille dans le long terme. J’espĂšre donc que l’idĂ©e de crĂ©er une banque d’investissement n’est pas oubliĂ©e.

W’E. : C’est donc une erreur de crĂ©er uniquement une sociĂ©tĂ© d’investissement ?

Parce que le danger c’est de croire que si l’État se substitue au privĂ© on peut avoir de meilleurs rĂ©sultats. Ce serait une erreur tout simplement parce que la force de l’économie du pays viendra du secteur privĂ© et qu’il faut donc le soutenir.

L’État doit continuer sa politique de dĂ©sengagement auprĂšs des entreprises publiques et, donc, permettre Ă  des entreprises privĂ©es d’émerger. Je fais le voeu que demain l’État comorien pourrait s’enorgueillir de citer des entreprises privĂ©es comme Ă©tant des fiertĂ©s nationales.

Et Ă  ça on y arrivera lorsque les conditions seront rĂ©unies, que l’État apportera son soutien et qu’on ait accĂšs aux financements car le noeud du problĂšme aujourd’hui c’est l’accĂšs aux financements.

W’E. : Un nouveau code des douanes est en vigueur depuis quelques mois. On dit que les opĂ©rateurs seraient frileux quant il s’agit d’appliquer de nouvelles rĂšgles...

Il ne s’agit pas de frilositĂ© liĂ©e au nouveau code mais plutĂŽt d’un recul par rapport aux nĂ©gociations que les gens avaient l’habitude de mener avec les autoritĂ©s douaniĂšres. Par le passĂ© si un opĂ©rateur se retrouvait avec vingt containers et n’avait pas les moyens de les dĂ©douaner en un seul coup, il pouvait nĂ©gocier et obtenir certaines facilitĂ©s de payement.

DĂ©sormais, cette possibilitĂ© a Ă©tĂ© Ă©cartĂ©e pour des raisons louables, de «rigueur», etc. Du coup le chef d’entreprise qui ne peut se permettre de faire venir vingt containers avance en fonction de ses moyens.

Il y a eu une réunion entre la douane et les opérateurs pour aplanir les difficultés et voir comment la nouvelle direction pourrait accompagner les opérateurs sans que ceux-ci se sentent lésés par telle procédure ou telle autre.

On le rĂ©pĂšte assez, les taxes douaniĂšres n’ont pas changĂ© et c’est le mĂȘme tarif douanier qui est utilisĂ©. Ce qui a Ă©tĂ© remis en cause ce sont certaines facilitations qui sont discrĂ©tionnaires et au grĂ© de l’autoritĂ© douaniĂšre. Ils sont donc en droit de les accepter ou non. Il faut savoir, toutefois, que dans toutes les douanes du monde, il ya cette notion de crĂ©dit en douane.

W’E : Le secteur privĂ© n’arriverait pas Ă  absorber les marchĂ©s financĂ©s par le bailleur de fonds extĂ©rieurs. Faute de moyens organisationnels et du coup beaucoup de marchĂ©s sont attribuĂ©s Ă  des sociĂ©tĂ©s Ă©trangĂšres. Cela tient-il comme explication ?

Il arrive souvent que l’entreprise locale manque d’équipement nouvel ou suffisamment innovant. Mais celĂ  est liĂ©e Ă  l’absence de commande publique dĂ©diĂ©e Ă  ces entreprises. Une entreprise ne peut pas moderniser son fonctionnement si elle n’a pas les moyens de le faire.

Si la commande publique est destinĂ©e en prioritĂ© aux entreprises nationales, rien n’empĂȘche Ă  ces entreprises de demander un financement auprĂšs des banques locales pour le renouvellement du matĂ©riel. Je ne vois pas pourquoi avec un marchĂ© de 2 milliards une entreprise ne peut avoir 500 millions auprĂšs d’une banque pour renouveler son matĂ©riel. Si on continue Ă  raisonner de cette façon, aucune entreprise nationale ne sortira du lot.

Cela dit le secteur privĂ© partage l’idĂ©e de travailler avec des sociĂ©tĂ©s reconnues internationalement ce qui, d’ailleurs, favoriserait un transfert des technologies et des compĂ©tences.

W’E. : Vous pensez qu’il y a, à ce sujet, deux poids et deux mesures ?

Ce que je sais c’est qu’on ne comprend pas le fait, pourtant courant, que lorsqu’une sociĂ©tĂ© Ă©trangĂšre obtient un marchĂ© public elle est payĂ©e toute suite sans aucun problĂšme et quand il s’agit d’une entreprise nationale, elle ait tant de mal Ă  se faire payer.

 

Les marchĂ©s sĂ»rs sont, trop souvent, accordĂ©s Ă  des entreprises Ă©trangĂšres qui ramassent toute suite l’argent et les entreprises nationales hĂ©ritent, elles, de marchĂ© flottant. La dette intĂ©rieure pĂšse sur un certain nombre de nos entreprises et l’État doit pouvoir trouver une solution Ă  cela.

Je serais d’avis que les entreprises Ă©trangĂšres aient une obligation de travailler avec les entreprises locales. D’ailleurs, la plupart du temps ces entreprises sont exonĂ©rĂ©es d’impĂŽts, tout l’argent part Ă  l’extĂ©rieur et l’État ne perçoit rien.

W’E. : L’autre goulot d’étranglement serait la dette auprĂšs des banques. Selon la Bcc, dix mauvais dĂ©biteurs reprĂ©sentent Ă  eux seuls un encours en souffrance de 11 milliards de francs, soit 50 pour cent de l’encours des vingt plus gros clients du systĂšme bancaire, les entreprises. Comment sortir de ce cercle infernal d’endettements des opĂ©rateurs ?

Cela prouve que ce que j’ai dit auparavant. La majeure partie des entreprises sont surendettĂ©es. Vous avancez un encours de onze milliards que moi je qualifie de toxique et qui pollue le systĂšme d’octroi de crĂ©dits. Il y a des banques qui n’ont octroyĂ© aucun crĂ©dit ces six derniers mois.Elles ont suffisamment donnĂ© sans qu’il y ait de retour.

Nous partageons les difficultĂ©s quelles rencontrent dans l’exercice de leurs activitĂ©s. NĂ©anmoins nous considĂ©rons que la responsabilitĂ© est partagĂ©e dans le sens oĂč mĂȘme en l’absence de centrale de risques, Ă  l’époque, on pouvait savoir ce qui se passe dans les autres banques sans trop de difficultĂ©s.

Maintenant, il y a eu, Ă  un moment donnĂ©, une course aux crĂ©dits qui s’est retournĂ©e contre les banques et les emprunteurs. Selon moi, en tant que privĂ© et responsable d’une organisation patronale, l’idĂ©al aurait Ă©tĂ© de trouver une solution mĂ©diane qui consisterait Ă  sauver les banques mais aussi les entreprises.

Aujourd’hui, faire disparaitre les dix opĂ©rateurs concernĂ©s par cet encours pourrait constituer un coup dur pour l’économie du pays.


Commentaires