Quelles sont les missions prĂ©cises assignĂ©es Ă lâAnpi par le gouvernement ?
Trop souvent les gens font une confusion en croyant que notre mission est de faire des investissements ce qui nâest malheureusement pas le cas. Notre rĂŽle est de promouvoir les investissements afin que les investisseurs viennent travailler dans le pays. Nous avons donc un mandat consistant Ă simplifier toutes les procĂ©dures permettant lâamĂ©lioration du climat des affaires.
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Quelles sont les difficultĂ©s que vous rencontrez depuis que vous avez pris les rĂȘnes ?
Notre principale difficultĂ© est dâordre financier. Cette agence a Ă©tĂ© créée en 2009. Sauf que comme, la plupart des agences mises en place ces derniers temps, les initiateurs nâont pas songĂ© aux moyens de financements. Nous sommes lĂ pour faire la promotion du pays. Mais hĂ©las lâAnpi nâa pas Ă©tĂ© dotĂ©e de moyens consĂ©quents pour fonctionner parfaitement.
Aujourdâhui, nous avons une subvention annuelle de 46 millions de francs provenant de lâEtat dont 95% sert Ă payer les agents. Ces soucis financiers nous empĂȘchent de participer aux diffĂ©rents forums mondiaux pour vendre notre pays. Le capital humain reste aussi un facteur important vu la responsabilitĂ© quâon nous a confiĂ©e. Et le nĂŽtre doit ĂȘtre formĂ© afin quâil rivalise avec les autres. Il faut des formations permanentes.
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Quelles sont les actions que vous avez menĂ©es jusquâici pour donner une visibilitĂ© Ă lâagence ?
Depuis que je dirige cette institution, nous avons engagĂ© plusieurs rĂ©formes parmi lesquelles, se trouve la mise en place dâune coopĂ©ration avec la douane. Tout le monde croyait que nous Ă©tions une entreprise chargĂ©e des exonĂ©rations ce qui nâest pas le cas. Nous avons analysĂ© plus de 70% des conventions dâĂ©tablissement signĂ©es avec les gouvernements prĂ©cĂ©dents.
Le nombre des exonĂ©rations abusives a Ă©tĂ© divisĂ© par quatre et les rĂ©sultats sont lĂ . Si la douane a pu faire des recettes de plus de 30 milliards en 2017, câest grĂące aux efforts de lâAnpi qui a contribuĂ© dans ces progrĂšs. A noter que nous sommes lĂ pour dĂ©fendre Ă la fois les intĂ©rĂȘts de lâEtat mais aussi ceux des promoteurs.Â
Pour ce qui est de la visibilitĂ© de lâagence, il Ă©tait primordial de chercher des moyens pour renforcer le capital humain, afin de rĂ©aliser les activitĂ©s urgentes. Nous avons sensibilisĂ© le gouvernement. Dans toutes ces dĂ©marches, nos Ă©quipes ont Ă©laborĂ© un business plan juste pour apporter la pierre Ă lâĂ©difice en attendant les contributions.Â
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Vous venez dâobtenir une aide financiĂšre auprĂšs de la Bad qui se chiffre Ă 600 millions de francs-comoriens. A quoi servira cet argent ?
Câest la premiĂšre fois que nous avons bĂ©nĂ©ficiĂ© dâun don comme celui-ci. Mais ce sont les rĂ©sultats dâun travail de longue haleine. Car conscients que nous avons entamĂ©s des partenariats avec des bailleurs. Si ce fonds nous a Ă©tĂ© accordĂ©, câest grĂące aux nĂ©gociations menĂ©es entre les deux parties. Celles-ci ont commencĂ© depuis le mois de mai dernier.
Un programme dâactivitĂ©s a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© en tenant compte de notre business plan. Et nous misons sur la promotion des investissements, la formation des agents, visibilitĂ© de lâagence, sensibilisation de la population, la diaspora, la mise en place dâun site web, doter des moyens de travail pour ne citer que ceux-lĂ .
Et cet argent servira Ă financer des activitĂ©s. En gros, il sâagit dâun projet qui couvrira une pĂ©riode de trois ans. Dont lâobjectif est de rehausser le niveau des investisseurs nationaux et internationaux. Actuellement nous comptons nouer des partenariats avec le Comesa, la Banque mondiale etc.
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Comment analysez-vous lâatmosphĂšre du climat des affaires aux Comores ?
Nous reconnaissons quâun travail a Ă©tĂ© fait concernant le climat des affaires. Toutefois, nous devons comprendre que celui-ci doit ĂȘtre amĂ©liorĂ©. Surtout il y a le problĂšme relatif au non-respect des textes. Dâailleurs, ce dernier point avait fait lâobjet dâun dĂ©bat intĂ©ressant lors du sĂ©minaire de deux jours organisĂ© depuis mercredi Ă lâhĂŽtel Retaj.
Nous pensons que le chemin Ă parcourir est long car le climat des affaires doit ĂȘtre optimal pour attirer autant dâinvestissements structurants. Un facteur incontournable pour relancer la croissance Ă©conomique, seul moyen qui aidera le pays Ă baisser le taux du chĂŽmage. Nous appelons les autoritĂ©s comoriennes Ă nous Ă©pauler.
Sinon nous risquons de tomber sur des investisseurs Ă la Bashar Kiwan. Nous proposons la mise en place dâun conseil supĂ©rieur des investissements qui devra se rĂ©unir ne serait-ce quâune seule fois par an. Cela permettra de rassurer les investisseurs car ils auront lâoccasion dâexprimer leurs dolĂ©ances. Mais lâurgence est de faciliter lâaccĂšs aux financements. Car les banques sont lĂ . Il faut un travail de synergie entre la justice, le gouvernement et les banques.
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Plusieurs investisseurs surtout Ă©trangers restent toujours rĂ©ticents Ă toute forme dâinvestissement dans le pays. Selon vous quels sont les raisons de cette apprĂ©hension ?
Depuis que jâai pris les rĂȘnes de lâAnpi, nous avons remarquĂ© un engouement de plusieurs investisseurs qui se prĂ©sentaient. Sauf que peu dâentre eux reviennent. La premiĂšre cause de ce silence radio est la qualitĂ© de lâenvironnement des affaires. NâempĂȘche quâil existe dâautres paramĂštres tels que lâabsence dâinfrastructures routiĂšres, aĂ©roportuaires, sanitaires qui jouent un rĂŽle aussi dans ce phĂ©nomĂšne.Â
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Donc Ă mon avis il faut rĂ©unir toutes les conditions puis aprĂšs, nous pourrons mener une campagne pour inviter les investisseurs. Le fait que le montant des investissements Ă©trangers directs(Ide) est infĂ©rieur par rapport Ă celui de nos voisins bien que nous ayons le code dâinvestissements le plus avantageux de la rĂ©gion est un exemple qui illustre la nĂ©cessitĂ© dâassainir notre climat des affaires. Ainsi nous pourrons atteindre lâĂ©mergence prĂŽnĂ©e par le chef de lâEtat.Â
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Les Comores sont rongĂ©es par un mal profond Ă savoir la corruption. Que prĂ©conisez-vous pour lâĂ©radication de ce phĂ©nomĂšne qui freine le dĂ©veloppement du pays ?
Notre prioritĂ© repose sur la rĂ©forme du climat des affaires pour redonner confiance aux investisseurs. Sans oublier le fait que ces derniers tiennent comptent des classements mondiaux, comme Doing busness. Donc il faut impĂ©rativement lutter contre la corruption. Pour ce faire, il faudrait que la justice mĂšne Ă bien son travail. LĂ -dessus, Il nây a pas de quarante mille solutions.
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Le programme de la citoyennetĂ© Ă©conomique censĂ© permettre au pays de dĂ©coller nâa pas du tout bĂ©nĂ©ficiĂ© Ă la population. Il est entachĂ© de plusieurs scandales. Selon vous, faut-il abroger la loi une bonne fois pour toute ou il serait mieux de lâamĂ©liorer en canalisant le programme pour le bien du pays ?
MĂȘme si il sâest avĂ©rĂ© que les autoritĂ©s de lâĂ©poque avaient exercĂ© un forcing pour le vote de la loi. Mais le non-respect des textes fut la cause qui a engendrĂ© ces dĂ©boires. Car si notre pays respectait les lois et les textes, des gens comme Bashar Kiwan nâallaient jamais dĂ©barquer ici. A mon avis il faut suspendre lâopĂ©ration afin de mener une discussion profonde. Ăa sera donc lâoccasion de dire si oui ou non il faut recadrer le programme ou stopper une fois pour toutes.Â