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«Sabena» de Ahamada Smis. Une pièce pour faire le deuil

«Sabena» de Ahamada Smis. Une pièce pour faire le deuil

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L’auteur, compositeur, musicien, poète et slameur, Ahamada Smis se saisit d’une tragédie encore lourde dans la mémoire collective, le «massacre de Majunga», et en fait une pièce pluridisciplinaire. Il s’agit, pour l’auteur, de faire son «devoir de mémoire», et «dire la douleur, les traumatismes, le pardon, la guérison et le renouveau» à travers la poésie et des symboles.

 

Il est de ces événements qui s’inscrivent dans la mémoire comme une tache indélébile. Le massacre de Majunga*, communément appelé «Kafa la Mdjangaya» en est un. Pour rappel, du 19 au 22 décembre 1976, plus de deux mille Comoriens ont été assassinés dans cette ville de la Grande île, à l’initiative, semble-t-il, de la tribu dite Betsirebaka. Très vite, plus de seize mille Comoriens seront rapatriés. Bien que la douleur soit encore vive dans la tête des victimes, le sujet serait devenu quelque peu tabou.

C’est en ce sens que l’auteur, compositeur, musicien, poète et slameur, Ahamada Smis, s’empare de cette tragédie pour en faire une pièce pluridisciplinaire à grand renfort de musique, danse contemporaine, slam et d’arts visuels, qu’il a présentée le 30 juin et 1er juillet au Festival de Marseille au Mucem. Il s’agit, pour l’auteur – 4 ans à l’époque des faits – de faire son «devoir de mémoire». Sur scène, Ahamada Smis est accompagné de quatre danseurs, et de trois musiciens : «Uli Wolters (instruments à vent et Mao), Jeff Kelner (guitare) et Robin Vassy (percussions)».

Pardonner, guérir et aller de l’avant

Comme pour «dire la douleur, les traumatismes, le pardon, la guérison et le renouveau», une vaste fresque de symboles traverse la pièce baignée, par ailleurs, de musiques inspirées des Comores et de Madagascar, symbole du pardon et du renouveau. «Pour la création de Sabena, j’ai composé les musiques sur des rythmes comoriens et malgaches à l’aide de mes instruments dzendze, gabusi, ngoma et kayambe», devait-il préciser.


Dans son processus créatif, comme un symbole, l’artiste a eu comme première résidence d’écriture, le lieu théâtre du malheureux évènement, Majunga. A son arrivée là-bas, c’est la douche froide : les fosses communes où étaient entassées les victimes de la folie meurtrière «sont en train d’être effacées sur ces terrains vagues du cimetière de Majunga». «Aucune stèle ne leur est dédiée», déplore l’artiste. Pourtant «ça ne coûterait pas grand-chose aux autorités comoriennes de le faire. C’est d’autant plus important qu’on doit faire le deuil de nos morts qui n’ont pas eu de funérailles», insiste le poète.


Une réaction qu’a eue un des rares auteurs à avoir écumé ce sujet houleux, toujours, sur «fond de mémoire», Mbae Tahamida Soly : «Pas de deuil national. Pas de stèle. Pas de mémorial pour toutes ces victimes. C’est bien entendu un scandale. Une honte. Une blessure de plus», fulmine l’auteur de Thérapoésie, qui ne manque pas de faire l’allégorie entre le «Kafa la mdjangaya» et la tragédie des Kwasa-kwasa. «Les morts s’accumulent. Dans l’indifférence totale. On ne fait rien pour arrêter l’hémorragie. Ça relève de la fatalité. Pire, du cynisme», dégoupille l’auteur de Kwasa-kwasa, pour le paradis ou même pour l’enfer.Sabena devrait être présentée à la fin de l’année à Paris et une tournée devrait s’en suivre au printemps 2023 dans l’Océan indien.

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