Les passionnés de prises de vue et de musique ont été bien servis au vernissage, ce 11 juillet, de l’exposition «Les mots sur le métal» à la galerie d’art de l’Alliance française de Moroni. Les crépitements du photographe, Jeff Humbert, mélangés à la profondeur des textes du rappeur, Cheick Mc, y ont exploré, en noir et blanc, le quotidien des Comores et des Comoriens.Décliné sur vingt et un clichés tout le long du couloir de l’institution française, le thème expose, entre autres, les «guerriers» de la vie de tous les jours qui, qu’il pleuve ou qu’il vente, portent, dans la difficulté, les Comores à la sueur de leurs fronts.
Quand «le» Cheikh s’en mèle
Jeff Humbert a cadré son viseur sur le pêcheur, l’agriculteur, le vendeur parfois très âgés, sous le regard perdu de jeunes ou de diplômés des écoles trop souvent atteints de plein fouet par le chômage. «A travers ce rideau, l’espoir se dessine. L’espoir c’est ce qui manque à toutes et à tous. Tout un peuple qui a besoin de croire à des lendemains meilleurs, ici, dans ce pays que nous aimons. La femme qui travaille librement, le jeune bourré d’ambitions, l’Etat qui encourage et la société qui protège sont les ingrédients nécessaires au retour de l’espoir», espère convaincre Cheick Mc sur une photo de Jeff Humbert.
Les vingt et-un clichés sont accompagnés, chacun, d’un texte en Shikomori et en français et ont été lus ou rappés par «Le Cheick» lors du vernissage. Un format qui, de toute évidence, a servi à mieux fixer le regard des visiteurs sur ces photos en noir et blanc. Chaque pause raconte une histoire particulière, mais l’ensemble se retrouve et raconte le même récit, ou presque, qui permet de découvrir des réalités parfois dures, mais, dans tous les cas, magnifiées par l’œil du photographe. Les couleurs vibrantes, les paysages exceptionnels, les images claires et la beauté des personnages ont vite fait transformer le coté troublant des clichés en véritables marques d’amour pour celles et ceux qui, malgré le fait qu’ils exercent des taches si difficiles, restent toujours invisibles aux yeux de la société.
«Une excellente exposition qui met en valeur les paysages, d’une part, mais, de l’autre, vous fait découvrir les réalités de la vie au quotidien. La projection sereine du regard sur les dures réalités de tous les jours ne laisse aucun doute sur l’attachement sincère de l’auteur à l’humain. Au-delà de cet œil sur la vie courante, il lance un appel à la protection de l’environnement. Il est clair que l’auteur de ces oeuvres est une personne attachée à l’environnement et sa protection», a analysé le photographe Mab El Hab qui, par ailleurs, a apprécié que, «contrairement à ce qui nous est donné de voir lors des expositions photos», le public ait si bien répondu à l’appel. La touche «du» Cheick. Sans doute. L’exposition est ouverte à l’alliance française jusqu’au 24 juillet prochain.