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«Amane» I Plongée, pour de vrai, dans une élection comorienne

«Amane» I Plongée, pour de vrai, dans une élection comorienne

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Loin du langage soutenu d’Ali Zamir ou de Soeuf El Badawi, Mahamoud Bachirou s’est armé d’un langage familier qui frôle l’argot pour dresser un tableau très réaliste de la politique en temps de campagne électorale dans son pays et peut-être même, son continent.

 

Peut-être qu’à 32 ans on a pas encore vu défiler un grand nombre de campagnes électorales mais j’en ai quand-même vu suffisamment, et toutes ont la particularité de baigner dans la noirceur, les magouilles et les manipulations des populations les plus vulnérables. Il m’a semblé donc très important d’en parler», annonce Mahamoud Bachirou dans sa pièce théâtrale Amane parue à Editions+. Ici, le personnage principal qui porte également le nom de l’ouvrage, dresse le tableau d’un pays en temps d’élection présidentielle notamment l’intense mobilisation des jeunes et de toute la population pour, au finish, ne rien gouter du pouvoir de leur champion arrivé aux affaires.


Selon son auteur, la pièce théâtrale serait un miroir de la réalité africaine en général et de son pays, les Comores, en particulier. Bourrage d’urnes, corruption d’assesseurs, achat d’électeurs, les jeunes diplômés qui se plient en quatre pour espérer une petite place dans l’administration publique, soutien financier aux boycottes des quartiers généraux des uns et des autres. C’est dans cette «réalité» que l’auteur de 32 ans plonge ses lecteurs.

Tous coupables

Un auteur qui tire à boulets rouges sur toute la population et, particulièrement, sur les hommes politiciens qui, par leurs méthodes, sèmeraient le ko dans leur pays.«Si tous les domaines pourrissent, si tous les niveaux pressent, c’est qu’on est tous coupables. Ces gouvernants qui mentent et volent. Ces magistrats qui, comme des rats, grignotent la loi dans le noir, ces fonctionnaire forts en absences et retards, ces corrompus qui jonchent les institutions, ces flics juste bons à donner des claques et des leçons, ces agents escrocs qui s’amassent aux impôts, ces profs immoraux, nous sommes tous coupables… Nous tous restons indifférents, oisifs, toujours à demander que le pays fasse pour nous et jamais l’inverse», peste Amane dans l’acte IV.

 

Longtemps retissant à l’idée de faire de la politique pour des leaders qui «n’ont aucune compassion» pour la population, Amane a fini par être influencé par sa famille et a rejoint le camp du politicien de son village, Bana Weiss.C’est là que son cauchemar commence. Il enchaine les délits au profit de son leader, chose qu’il a toujours détesté. «Mdugana na mhuza malao yotso nnuka». Il a triché, menti, volé, recouru aux marabouts pour pouvoir faire partie du cercle dirigeant restreint du candidat Bana Weiss oubliant que la politique est très douce comme le miel mais qu’il faut faire attention aux piqures d’abeilles, comme l’a dit Phillipe Géorge Yacé.

Un message «important»

Plongé dans les remords, Amane se confesse à sa mère : «Je n’avais jamais commis d’actes aussi ignobles, aussi infâmes et inoubliables… J’ai voté dix fois, dix fois, te dis-je, maman. Dix fois. Regarde mes doigts, j’ai voté avec chacun d’eux, j’ai voté dix fois aujourd’hui… Comment est-ce possible? Ces escrocs sont capables de tout, tout dans le domaine de la tricherie». Amane a surtout remarqué qu’il a été introduit dans «une moule qui l’a transformé en quelque chose qui allait servir les intérêts de quelques individus et non ceux de son pays. Le message important est que nous, la jeunesse, avons l’obligation de toujours nous remettre en question par rapport à nos engagements, peu importe notre camp, et peu importe ce que l’on gagne car, en vrai, on est tous perdant tant que ce n’est pas la Nation qui gagne», tente de conclure l’auteur.


Loin du langage soutenu de l’auteur Ali Zamir ou du dramaturge Soeuf El Badawi, Mahamoud Bachirou opte pour un français facile, un langage familier qui frôle l’argot pour, d’une part, tenter de mettre à nu les «magouilles» qui entacheraient les campagnes électorales et, d’autre part, d’attirer l’attention sur les conséquences pour les jeunes et pour leur pays.

Une cible et des flèches

L’acteur principal de la pièce a fini par tout plaqué et partir à l’étranger en quête de réponses à ses interrrogations en espérant revenir plus fort pour «remettre les pendules à l’heure».«Cette histoire s’inspire de notre pays en particulier mais aussi du continent en général, d’ailleurs j’ai déjà reçu quelques témoignages de lecteurs non comoriens et ils affirment que plusieurs pays du continent peuvent facilement s’identifier à Amane», affirme ce membre du collectif Art 2 la plume qui se défini comme «timide et solitaire».«J’ai toujours écrit sans savoir à qui je m’adressais et puis j’ai découvert le slam en 2016 qui m’a donné une cible et les outils pour l’atteindre»

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