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Table ronde. Restitution des ressources patrimoniales

Table ronde. Restitution des ressources patrimoniales

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Le maintien, hors des frontières du continent, de quantité d’éléments de son patrimoine, ampute l’Afrique de pans entiers de son histoire et de sa mémoire. Pour les intervenants, l’heure n’est plus au discours mais à des actions concrètes

 

Pour cette deuxième journée du congrès, hier, une table ronde a été organisée autour de la question de la restitution des ressources patrimoniales africaines maintenues ailleurs dans le monde. Cette problématique continue, plus que jamais, de faire l’actualité.Hier, au Palais du peuple à Hamramba, les panelistes n’y sont pas allés de mains mortes pour exprimer leur désarroi, rappeler ce qui a déjà été réalisé et, surtout, proposer des pistes pour sortir de cette situation qui prive tout un continent d’une partie de sa mémoire. Pour les intervenants, l’heure n’est pas au discours mais à des actions plus concrètes.

«Ni palabre ni diplomatie»

«Le vol perpétré par nos anciens colons est une des plus grandes violences qu’ait connue notre continent. Il n’y a pas d’autres mots pour qualifier cela, c’est juste un vol – à midi, dans la clairière et sous le soleil – de ces biens qui fondent ce que nous sommes et ce qui nous différencient des autres. Les biens volés sont dans des musées à étrangers. Doit-on les faire retourner dans leur pays? Ce n’est même une question mais plutôt une obligation», a lancé, d’entrée de jeu, le modérateur à l’ouverture de la session.


Le 28 novembre 2017, le président français, Emmanuel Macron, avait déclaré : «d’ici à cinq ans, les conditions seront réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique». Cinq ans après, rien ne semble bouger. «Ils racontent que nous n’avons pas les moyens pour garder ces biens dans nos pays une fois qu’ils seraient restitués. Comment peuvent-ils nous voler nos biens et nous dire que nous n’avons pas les moyens de le garder alors qu’ils étaient précieusement gardés chez nous pendant des siècles avant qu’ils ne viennent les voler. Le temps n’est pas au palabre et à la diplomatie. Il nous faut prendre ce qui nous appartient, cela par tous les moyens possibles», a réagi l’entrepreneure culturelle, Nchang Benis Che.


Pour pouvoir mettre fin à cette situation, des panélistes rappellent qu’il faut «à tout prix» avoir les instruments juridictionnels et surtout avoir une politique commune pour réussir. «L’Union africaine (Ua) a d’établi une loi modèle entre 2015 et 2016. Malheureusement, alors qu’elle est déjà étudiée à l’Université de Londres, qu’elle n’est pas connue par les Etats membres de l’Ua. Dans cette loi beaucoup d’éléments ont été pris en compte notamment la charte de la renaissance de l’Union africaine. Il nous faut travailler sur la vulgarisation et l’éducation à la culture pour permettre aux futures générations de ne pas tomber dans le même panneau», a renchéri le membre du groupe de travail sur la loi modèle de l’Ua, le professeur Victor Dugga.

«Restituer, mais pas seulement»

Dans son intervention et à propos de la position commune que doit adopter le continent sur la question, le professeur Emmanuel Dandaura, rappelle que cette question des ressources patrimoniales est un vol qui va au-delà du matériel. «C’est un vol d’histoire, de mémoire et d’identité», a-t-il martelé. Pour cela, il préconise un système d’enregistrement unifié pour les Etats membre de l’Ua afin d’éviter les vols qui ont toujours court.


Ce problème de vols de bien patrimonial concerne beaucoup de pays et les Comores, pays hôte de la sixième édition du Congrès culturel africain, ne font pas exception. «Ces objets ont été confisqués à un moment où les anciens colons nous chosifiaient. C’est la loi du plus fort. Pourquoi aujourd’hui est-il si difficile de restituer ses biens à l’Afrique contrairement à ce qui a été pour les lingots d’or et tableaux des Juifs qui avaient été confisqués par l’Allemagne? Je propose, donc, qu’en plus de la restitution de nos biens, qu’on comptabilise la valeur monétaire de ces biens durant le temps qu’ils ont été gardés ailleurs. Il faut qu’ils paient au centime près», estime l’ancien directeur général du Cndrs, Djaffar Mmadi.

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