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Structures artistiques et culturels Ă  Singani I Tout est Ă  repenser et Ă  refaire

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A l’heure actuelle, ni twarabu, ni théâtre, ni slam, ni danse traditionnelle. «Il y a urgence à réagir !»

 

Il fut un temps, Singani, une cité du centre de Ngazidja, s’exprimait dans plusieurs activités artistiques et culturelles : du théâtre à la musique en passant par la danse traditionnelle et le slam. Aujourd’hui, elles n’en restent que de noms et quelques clichés des gloires datant. Pourtant, à l’instar de plusieurs localités du pays, Singani abritait des groupes de twarabu qui se produisaient en live, chose aujourd’hui rare en terre comorienne.


Créés aux années 1970, les groupes Ahbab El Oitwan (Aos) et Hisb l’Falah disposaient, chacun, de son propre orchestre qui entrait constamment en concurrence avecl’autre. Malgré cela, les deux structures n’ont pas su tirer profit en construisant, par exemple, des foyers où prester. Ce qui aurait permis de laisser des traces à l’intention des jeunes qui, aujourd’hui, ignorent jusqu’à leur existence.


En 1986 a été créée la Fédération des associations de Singani (Fas) qui avait rassemblé des associations engagées dans les arts, la Culture, la couture et l’agriculture, entre autres.

La Fas avait son propre foyer qui disposait d’une bibliothèque, d’une salle de cinéma et d’une salle de spectacle où ses membres pouvaient s’entrainer, et se produire. Récemment, le bâtiment a été rénové pour abriter un… Sanduk. Il a, ainsi, emporté avec lui, l’histoire de ce lieu qui a vu naitre une pléiade d’intellectuels aujourd’hui, parfois au service du pays.


Aux années 1960, le théâtre avait vu le jour dans la cité et était joué à l’école primaire. Il était question d’être en contact avec le livre et la bibliothèque. Cela avait été imposé par les responsables de la cité. Avec l’Ops dans les années 1970, les jeunes n’avaient d’yeux que pour le théâtre.

«Malheureusement, la troupe a mis la clé sous le paillasson après que beaucoup de ses membres soient partis à l’étranger pour les études. D’autres troupes s’étaient constituées jusqu’à la disparition du Nombaba théâtre, la toute dernière troupe de la cité», regrette un des plus grands promoteurs de la Culture à Singani, Athoumane Ahmed Abdallah.

«Pourquoi?»

Qui se souvient encore de la compagnie Nombaba théâtre de Singani? Il a pourtant brillé de mille feux de 2007 à 2014 avec ses tournées dans les îles notamment sur la sensibilisation des maladies liées à l’utilisation de l’eau, ou encore le théâtre radiophonique sur le thème de l’éducation, en partenariat avec l’Unicef. La compagnie disposait d’une cinquantaine de comédiens dont des adultes et surtout d’enfants.


Des traces de cette structure existent encore notamment avec le comédien Le Clown Bavard qui mène aujourd’hui une carrière solo après avoir appris les bases du clowning au Nombaba théâtre et suite à une formation qui avait été assurée par les Clowns rêveurs de Lyon, en France. Où est-elle passée? Pourquoi a-t-elle fermée? Chacun de ses anciens membres donne une version différente de l’autre.


«Ces causes sont multiples. Il n’y a pas eu de relève, de suffisamment de motivation du côté des plus jeunes. Il y a également le fait que certains parents pensaient qu’une pratique régulière des arts et de l’activité culturelle allaient impacter négativement sur la scolarité de leurs enfants. Pourtant cette fermeture a eu des conséquences négatives, notamment la délinquance», estime Dahlane Mohamed Salim de la compagnie Nombaba théâtre.


Plus rien ne reste dans le paysage culturel de cette cité qui s’était, en partie, épanouie grâce à l’action des associations culturelles. Les associations féminines Djumba (Djum’yia l’mubaraka) et Mawatwania disposaient, chacune, d’un atelier de broderie et des écoles d’arts ménagers. C’est ainsi qu’à Mawatwania on pratiquait le jardinage pour soutenir leurs activités et que Djumaba entretenait un poulailler.

Il n’y pas longtemps, l’Association pour le développement de Singani, composée exclusivement de femmes, a contribué notamment à la rénovation de l’hôpital local grâce au twarabu. Aujourd’hui, Ngani slam, les Enfants de l’art et l’Association de la jeunesse pour la Culture (Ajc), ont mis fin à toute activité.

Le vide et la nature

Un vide qui s’est créé dans la cité. Avant, les jeunes pouvaient s’adonner aux sports et aux activités culturelles, tels le dayira, la danse, le volley, le basket, le football. Aujourd’hui, tout cela a disparu. «La nature ayant horreur du vide, à la place on trouve, malheureusement, le vandalisme, la consommation de stupéfiants.

La délinquance juvénile a pris la cité en otage par ce qu’il y a rien d’autres à faire. Les jeunes n’ont pas de lieu où se divertir, ni quoi pour le faire, ni personne pour les structurer. Ils sont en divagation», analyse Athoumane Ahmed Abdallah.


Selon lui, l’heure est à la recherche de solution et non à se rejeter la patate chaude : «la faute nous revient à nous toutes et tous. Il faut qu’on s’assoie autour d’une table car l’heure est grave, très grave. De la discussion jailli la lumière. Il faut se remettre en cause et il ne faut surtout accuser personne car nous sommes à la fois victimes et coupables», conclut-t-il.

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