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«C’est comme si j’étais née pour être artiste», se remémore Salma Mohamed Saïd Mzimba de son enfance passée à chanter le Lelemama, «comme grand-mère», une paume de sagou pour micro et des boîtes de Nido en guise de batteries. En ces temps-là , déjà , la gamine emballait son petit monde, un groupe d’enfants acquis à son jeu, qui l’inondait d’emballages de bonbons, “billets de banque“de circonstance. Le temps est vite passé et, en vingt-deux ans, l’enfant de Kuhani ya Washili a fait du chemin. Beaucoup de chemin. On la retrouve,aujourd’hui,sur les publicités d’Exim Bank, de Telco ou récemment, d’Onicor. Mais c’est surtout sur les réseaux sociaux,qu’elle a réussi à se faire un nom. Salmador l’Afro Queen (son pseudonyme)compte à ce jour une dizaine de vidéos, diffusées pour la plupart sur sa chaîne YouTube. «Jalousie tchoin tchoin», «L’amour est un bonheur à vivre»ou encore, dernière en date, «Taximan n’est pas gentil».
Artiste ou rien
La jeune femme s’attaque aux mœurs et aux préjugés, avec une pointe d’humour qui donne tout le charme aux vidéos. L’effet est immédiat : «Et il ose dire que l’on cuisine mal. Mais comment est-ce qu’on ne cuisinerait pas mal. A peine revenu du boulot qu’il fout le camp. Et moi qui dois prendre soind’un bébé, le bercer. En plus de cuisiner.Holà , on l’a fait tous les deux ce bébé», s’insurge-t-elle, dans «Ndola ndjema ndeya mparano», contre ces maris qui désertent les foyers, abandonnant toutes les corvées à leurs femmes, pour aller squatter les places publiques, jouer au mraha et autres dominos. Salmador (surnom qu’on lui a attribué à cause de son teint doré)s’est lancée dans cette aventure il y a de cela deux ans. Le bac en poche, en 2017, elle songeait intégrer une école de musique à l’étranger. Mais c’est sans compter sur le blocage de son père, Mohamed Said Mzimba, enseignant et écrivain, plus porté vers le Marketing. «Je ne veux rien faire qui puisse m’éloigner de ce que je fais. Je veux poursuivre des études qui correspondent à ce que je suis», dit-elle. Et l’avis de M’zimoi Mmadi Ali (sa mère) dans tout cela ? «Elle est assez contente de moi. Elle est d’accord sur tout», assure-t-elle.
Femme africaine
Sa passion première, ou disons son péché mignon, reste la musique. Il faut dire que la jeune femme ne rate jamais une occasion quand il s’agit
de chanter. Elle entonnera, tour Ă tour, «MalaĂŻka» de Miriam Makeba, «nyorambili» de Goulam, voire une chanson de son cru dĂ©diĂ©e Ă sa mère. Quand elle s’y met, impossible de l’arrĂŞter, «c’est comme une maladie. Je chante partout, tout le temps, toute seule, dans les karaokĂ©s», a-telle confiĂ©. Des bribes de chansons que l’on retrouve parfois dans ses vidĂ©os. Les images, il est vrai, laissent parfois Ă dĂ©sirer, et les scĂ©narios sont loin d’être aboutis. Mais le potentiel est lĂ , reste maintenant Ă l’exploiter. Que ce soit dans ses vidĂ©os, ou ses photos publiĂ©es sur sa page Facebook (Aswili Na Riwaswili), l’Afro Queen essai de «mettre en valeur la femme africaine, comorienne en particulier». Elle n’est jamais loin de ses racines, de par l’habillement, essentiellement en wax, le foulard sur la tĂŞte, jusqu’à l’accent, empruntĂ© aux sĂ©ries burkinabé». «Je reprĂ©sente l’Afrique», dĂ©clare cette admiratrice de Miriam Makeba. Sa seule phobie : l’échec. Dans sa course aux Ă©toiles,la petite Salma se rappellera toujours des propos de sa grandmère : «mdrudjivazanguo, havaziwanguo». Autrement dit, le succès n’est pas de tout repos.Â
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