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Musique. Tchatcha Man ou... Quand la percussion épouse la légende

Musique. Tchatcha Man ou... Quand la percussion épouse la légende

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Avec les roulements de son djembe, le natif de Moroni aux Comores accompagne les meilleurs artistes de la région, s’est ouvert à divers instruments et genres et se produit un peu partout dans le monde. Portrait.

 

La musique traditionnelle, l’improvisation, la musique de scène, voir celle des boites de nuit, rien ne lui résiste. Avec son djembe, il a accompagné bien de légendes de la musique comorienne et d’ailleurs. Maalesh, avec qui il a fait le tour du monde ou presque, le groupe Kassav’ et feu Manu Dibango en France, le Maorais, Baco, tout récemment au Kenya. Tchatcha Man incarne un travail multiforme décliné dans un langage universel.


Le natif de Moroni, la capitale des Comores, a commencé avec des cannettes dans sa plus tendre enfance avant le goma (instrument traditionnel) à 13 ans pour accompagner les troupes féminines dans les djaliko et autre lelemama ou encore les Wenyi ngazi du quartier qui l’a vu naitre. Toutes ont loué ses services. «Cela permis de découvrir les rouages de la percussion depuis tout enfant. Un jour des années 1980 lors d’un concert à Al-Camar, un percussionniste s’était absenté et la troupe m’a demandé de prendre sa place sans aucune préparation. Depuis, je n’ai jamais quitté la percussion. Quand je vois ce que je suis devenu aujourd’hui, je ne regrette rien, bien au contraire», se rappelle Tchatcha Man.


Toutefois, les «choses sérieuses» ont commencé avec l’auteur-compositeur et interprète, Abou Chihabi, le premier avec qui il a eu à mêler ses percussions aux sons d’une guitare sèche. Après une tournée dans les îles, il s’est fait remarquer.C’est à partir de là qu’Othman Elias alias Maalesh a fait appel à lui pour la création du groupe du même nom dont nul n’ignore l’empreinte qu’il laisse dans la musique comorienne.

«Généreux et complet»

Rapidement, ils ont été sollicités pour jouer à Dubaï aux Emirats arabes unis, dans le département français de la Réunion, en France, au Kenya, à Mayotte, à Dakar, au Canada, à Madagascar, au Maroc, au Soudan, en Ouganda et au Mozambique, entre autres.«Je garde de beaux souvenirs de mes tournées dans le monde. Parmi ceux qui m’ont marqué, il y a notre concert au Soudan où j’ai eu à jouer avec un… seau d’eau, mes instruments ayant mis du retard à venir».


Un de ses anciens apprentis, le percussionniste professionnel Mohamed Ahamada alias Godré aime à parler de lui dans des termes pour le moins flatteurs : «j’ai beaucoup appris de Tchatcha Man. C’est un artiste généreux qui n’hésite pas à partager ses expériences et à apprendre aux plus jeunes. Il nous a accompagnés au groupe Fasso de Moroni puis à Wenyi ngazi à travers la percussion, le chant et la danse. Il excelle également à la batterie dans le twarab. C’est vraiment un artiste complet».


Aujourd’hui, Tchatcha Man est devenu un artiste multi-instrumentaliste qui fait raisonner l’harmonica, le bao, la guitare, le djembe, la batterie et le sifflet. Rien n’échappe à ses mains et à ses doigts magiques. Le virtuose s’est enraciné dans une Culture qu’il incarne, défend et transmet aux nouvelles générations. Sa maîtrise des musiques traditionnelles fait qu’il est tout à fait à l’aise en groupe comme en solo. Actuellement, il se lance dans de nouvelles expériences avec Dj Quiik en mélangeant les mix à la percussion. On l’a vu lors de la première partie du concert du Franco-camerounais, Tayc, au stade de Maluzini, l’année dernière.

«Nouveaux horizons»

«Je ne regrette pas d’être resté chez moi aux Comores et d’avoir fait de la percussion mon métier. Je ne suis pas riche mais je ne suis pas, encore moins, pauvre. Je suis juste un percussionniste qui vit de sa passion comme d’une profession. Mon rêve s’est réalisé et je pense avoir laissé de belles empreintes. Le rêve continu toujours. En effet, je suis toujours sollicité dans la région», apprécie-t-il.


Une chose est sure : «tout ce qu’il touche se transforme en percussion». C’est ce qu’est profondément convaincue la plupart des personnes qui ont eu à le côtoyer dans la vie comme sur la scène musicale.
Désormais, cet autodidacte s’est ouvert à divers instruments, artistes et genres et accompagne un peu tout le monde, à la recherche de «bonne» musique. Dans cette perspective, il a déjà accompagné, à la guitare ou au djembe, l’auteur-compositeur-interprète, Nawal Mlanao, le collectif de slam, Art 2 la plume, Bouguiba, le trio Abdallah, le reggae Man Moustoifa Idarousse, le groupe Afrique du Soleil levant.

Diamant

«Un des plus beaux moments de ma carrière fut dans un festival en France à Villefranche-de-Rouergue où j’ai accompagné une centaine de groupes venus des quatre coins du monde avec des percussionnistes professionnelles. Là-bas, dans les journaux et pendant le festival, on m’a surnommé «Le bonnet rouge, l’homme aux mains magiques». Beaucoup de groupes que j’ai accompagnés ce jour-là ont remporté un prix et nous, le groupe Maalesh, sommes repartis avec le premier Prix. C’est seulement après cela que j’ai commencé à accepter qu’on me qualifie de : percussionniste professionnel», dévoile l’homme aux multiples roulements.


«J’ai toujours rêvé d’être percussionniste professionnel et, par-dessus tout, d’accompagner des artistes comoriens pour faire éclore le talent local dans le monde. C’est pourquoi, je n’ai jamais eu envie de rester travailler à l’étranger. Dans ce pays, nous avons du diamant, il nous revient de l’exploiter et de nous imposer sur le plan culturel, très loin de la politique».

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