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Musique: Malha «Nous sommes toujours sur le bateau, juste parce que nous aimons notre art»

Musique: Malha «Nous sommes toujours sur le bateau, juste parce que nous aimons notre art»

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De retour du Festival international Africa News en Egypte, l’artiste parle, entre autres choses, de la place de la femme dans la musique comorienne et de sa prochaine campagne sur la lutte contre la violence faite aux femmes.

 

Comment votre musique a-t-elle été reçue en Egypte?

Plutôt bien accueillie. J’y ai présenté la musique comorienne et ma musique. Précisément le twarabu, ce genre qui nous vient d’Egypte via Zanzibar. Bien qu’il y ait de petites différences entre les deux twarabu, il a été bien reçu. Le public a également apprécié mes œuvres plutôt modernes. Beaucoup nous ont félicités et se sont interrogés sur nos origines. Nous avons, sans nul doute, réalisé un bon travail.

Des opportunités vous ont été offertes?

On ne peut pas encore parler de grandes opportunités bien que des contacts sont établis. Il y avait tout un monde fait d’artistes, de programmateur et de bailleurs. Beaucoup d’échanges ont été faits et nous espérons récolter les fruits de ce rendez-vous à portée internationale.Les organisateurs nous ont contactés pour avoir des précisions sur nos prestations et, parfois, savoir si nous avions des formats avec moins de musiciens. Nous étions là-bas avec six personnes, cinq musiciens, un responsable et moi-même, un format qui n’est pas facile à prendre. Toujours est-il que je suis persuadée que d’autres opportunités s’ouvriront à nous après ce rendez-vous égyptien.

Vous vous produisez toujours en Live avec de nombreux musiciens, comment arrivez-vous à vous en sortir dans un pays où il est si difficile de vivre de son art?


En vérité on ne s’en sort pas du tout. C’est un combat difficile au quotidien. Nous sommes toujours sur le bateau juste parce que nous aimons la musique.Ici, il manque de tout, d’infrastructures surtout. Mais aussi de volonté et de professionnalisme chez les artistes et les musiciens. Tout cela fait que parfois, il nous arrive de penser à jeter l’éponge. Mais l’amour et la foi en ce que nous faisons, nous permet de garder espoir et de continuer à nous battre. Je me dis toujours qu’il faut continuer pour être un exemple qui peut inciter les autres à entrer dans ce monde et continuer le combat.A l’heure actuelle, je sens que des jeunes s’intéressent davantage au live. Cela fait deux à trois ans que nous avons commencé l’émission Kara Live et voilà que se créent des orchestres un peu partout. Parfois on travaille avec certains d’entre eux. C’est plutôt encourageant.

Quel est votre perception de la place de la femme dans la musique comorienne?

Dans ce domaine, les choses n’ont pas tellement changé. Ce n’est toujours pas évident pour une femme de faire de la musique. Il y a toujours beaucoup de préjugés, d’obstacles. J’en rencontre toujours pas mal moi qui suis entrée dans la musique depuis ma tendre enfance. Déjà du côté de la famille, à l’école, les amis, chacun élevait ses barrages devant moi. Mais j’ai persévéré.Désormais, je ne m’arrête plus sur ces préjugés, bien que rien n’ait véritablement changé notamment au niveau des réseaux sociaux. On doit faire avec et les oublier.Aujourd’hui, la femme ne doit plus se laisser faire. Elle doit vivre ses rêves sans faire attention à ce que racontent les autres et, surtout, faire en sorte de réussir pour fermer la bouche, passez-moi l’expression, à ceux qui ne cessent de nous tirer vers le bas.

En décembre, vous allez prendre part, à Mayotte, à une campagne de sensibilisation sur la lutte contre les violences faites aux femmes. Quel est votre regard sur la question?


Ce combat occupe une place noble en moi. Je n’ai pas eu, personnellement, à le vivre mais j’ai vécu avec une personne qui en a durement souffert. C’est comme si c’était moi qui l’aie vécu. C’est l’enfer sur terre.
Depuis je mène ce combat qui est mien et qui, d’ailleurs, va avoir une place importante dans mon prochain projet. Je veux donner de l’espoir, libérer les femmes des chaines de leurs persécuteurs de tout bord. Elles ne doivent pas rester dans cet enfer, mais prendre leur courage à deux mains et se battre. Je pense être bien placée pour sensibiliser les gens et j’espère réussir.

Où en est le Kara Live, votre émission sur la promotion du Live?


Toujours là. On cherche des soutiens. Nous l’avons toujours fait avec nos propres moyens. Les gens voyaient, juste, les musiciens et les artistes, mais il y a tout un monde derrière, notamment les vidéastes. On leur payait avec nos propres moyens pour montrer aux gens qu’on peut le faire même avec peu de moyens. Malheureusement, personne d’autre ne vient apporter sa pierre pour le développement du Live au pays. Nous continuons à aller vers les gens mais on a l’impression que peu sont sensibles au sort de la musique.Pour ce qui est de Kara Live, nous comptons reprendre l’activité sous peu. Des fans et des artistes, qui ont toujours profité de cet instant Live pour promouvoir leur art, nous font souvent des appels de pied dans ce sens.

A propos du twarabu, je pense que nous devrions avoir l’aide du ministère de la Culture pour soutenir ce patrimoine immatériel qui nous parle à tous. Malheureusement, nous n’avons toujours pas de réaction de sa part bien qu’on les a déjà invités pour être témoins de la richesse de l’émission et de son apport au développement de la Culture. Aujourd’hui, ce genre décline.

Un dernier mot?
Actuellement, je prépare mon clip qui va sortir bientôt, avec un grand artiste de la région. Mon projet va également sortir en début d’année prochaine et sera suivi d’une tournée nationale et internationale.
Si j’avais un seul conseil à donner, aux artistes comme aux autres, c’est d’avoir confiance en soi. Je suis profondément persuadée que c’est là que réside la clé de tout succès.

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