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Fuka Fest. Vernissage de fresque à l’école Soirhane I Tout le drame du «Visa Balladur» sur une toile

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Pour la deuxième fois Makinz et Tcharo reviennent sur la traversée périlleuse Nzuani-Maore. Avec encore plus de hargne.

 

Le club Soirhane a procédé, vendredi dernier, au vernissage de la fresque Kwasa-Kwasa réalisée par les graphistes Makinz et Tcharo à l’école Soirhane sur la traversée entre Nzuani et Mayotte. Sur un mur de sept mètres de largeur sur trois de hauteur, les deux plasticiens ont immortalisé ce bras de mer devenu mortel après l’imposition, d’autorité, par l’ancien premier ministre français, Edouard Balladur du visa unique au monde qui porte son nom et qui oblige les Comoriens à se munir d’un visa pour se rendre d’un point à un autre de leur pays.


Ici, chaque mot et chaque dessin, signés et gravés sur le mur, raconte une longue histoire loin d’être des plus joyeuses. Le titre de la fresque «Kwasa-Kwasa»* reprend le nom de ces frêles embarcations de fortune que prennent les Comoriens, désireux de joindre l’île de Maore sous occupation française depuis bientôt un demi-siècle.
«Cette fresque c’est comme un livre ouvert. On n’a pas besoin de se creuser les méninges pour comprendre les messages qu’elle veut transmettre. La question de la traversée est bien détaillée. Quand je regarde le travail de Makinz et Tcharo, ça me ramène au jour où mon père est parti prendre l’embarcation pour Mayotte. Cette fresque me ramène très loin», a déclaré la secrétaire générale du club Soirhane, Asma Abdallah Houmadi, qui a perdu son père et sa petite soeur dans le bras de mer entre Ndzuani et Mayotte.


Sur cette fresque, les deux artistes parlent également de «désespoir», une des raisons qui font que des Comoriens prennent, depuis l’instauration du Visa Balladur en 1995, le risque d’aller mourir en mer en voulant joindre l’île comorienne. Si certains optent de partir à Mayotte convaincus d’y trouver une vie meilleure ou pour y rencontrer des proches, d’autres n’ont tout juste pas d’autres choix en y allant pour des soins médicaux qu’ils croient impossibles d’avoir dans les trois autres îles de leur pays, Ndzuani, Mwali et Ngazija.

«Stop !», «Stop !», «Stop !»

«Faire une fresque sur ce drame n’a pas été facile pour nous. C’est une question qui nous touche tous et dont il faut qu’on en parle sans tabou. Toutefois, je pense qu’il faut que les gens prennent conscience du danger qu’il y a dans cette mer qui ne cesse de tuer. Beaucoup peuvent éviter de prendre ce chemin pour un eldorado qu’ils peuvent se construire sans aller mettre leur vie en danger», estime Tcharo.Dans un mélange de couleurs fait d’un bleu ciel et mer, Makinz a ajouté quelques touches sombres pour rappeler la douleur attachée à cette question. La maquette affiche trois tableaux qui se suivent et se complètent. Pendant que le premier tableau montre des personnes dans une barque, apeurées à l’idée de la traversée, le deuxième montre un enfant qui se noie, «oublié» par les siens à un moment où chacun veut juste sauver sa peau.

 


Face à cela, les deux artistes crient «stop» : «il est arrivé le temps d’arrêter de traiter les Comoriens de clandestins chez eux, le temps de mettre fin à la tuerie des Comoriens, le temps de mettre la machine en marche pour lutter contre le désespoir, et le temps d’essayer de faire le deuil».«J’avais le choix entre l’abstrait et une fresque que les gens peuvent directement comprendre sans se poser trop de questions. Etant dans une école primaire, j’ai opté pour des couleurs peu violentes avec des images de style bande dessinée. J’ai rajouté la couleur orange pour donner un peu d’éclat à la fresque histoire de tuer le côté sombre. Dans cette création, tout est lié : les motifs, les dessins, la couleur. Tout est réuni autour de la traversée entre les deux îles», a expliqué Makinz qui invite les jeunes «à travailler durement pour réussir leur vie dans les trois îles libres et éviter, ainsi, d’avoir à prendre le chemin de cette traversée périlleuse «.

Des voix pour «atténuer l’effroi»

Pour finir le vernissage en beauté, quoi de plus entrainant que les voix du chanteur Bacar Dossar et du finaliste de la deuxième édition du concours de la chanson Nyora, Gololo Chams. Ce dernier est resté dans le thème de l’évènement avec des morceaux qui rappellent l’effroi qui entoure cette question de Mayotte et ses milliers de victimes.«Je remercie Tcharo et Makinz qui ont choisi de venir mettre leurs talents à contribution dans cette cause. Ils ont travaillé sans rien attendre en retour et ont même pris le bateau dans de mauvaises conditions pour venir à Ndzuani. Ce sont de grands artistes qui sont beaucoup sollicités mais qui ont choisi, malgré tout, de venir faire cette fresque gratuitement», a admis Dr Anssoufouddine Mohamed qui a tenu à rappeler que les ateliers qui ont été animés lors de la précédente édition du Fuka Fest commencent à donner des fruits avec des jeunes qui, d’ores et déjà, se démarqueraient dans le monde de la peinturen

* On se souvient de la «blague» lugubre et insolente de l’actuel président français, Emanuel Macron, qui disait, face au drame qui se cache dernier ces embarcations : «le Kwasa-kwasa, ça pêche peu, il amène «du» «Comorien». Les tapouilles, c’est les crevettiers».

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