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Accès au crédit pour les acteurs culturels I Le parcours du combattant

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L’association Ilatso voudrait en finir avec la «politique de la main tendue». Mais, ce n’est pas gagné d’avance!

 

Depuis sa création en 2022, Ilatso essaie de pousser ses pions dans l’effort de développement des arts et de la culture, mais cela ne va pas sans obstacles. Aujourd’hui, par exemple, il est difficile d’avoir accès au crédit auprès des banques qui ne semblent pas disposée à ouvrir leurs portes à des projets culturels.


Cette association qui réunit des auteurs, des poètes, des artistes et des artisans avait, en premier lieu, approché une très grosse institution de la capitale à Moroni. Au début, cette dernière se serait montrée enthousiaste avant de faire tourner l’association en rond. Mais cela dure depuis quatre bonnes années. A entendre l’artiste, écrivain et homme de Culture, Soeuf Elbadawi, ladite institution ne répond même plus, désormais, aux courriers "ne serait-ce que pour dire qu’elle n’entend pas soutenir notre initiative".

Changer d’approche ?

Les institutions répondent par la négative, en proposant du sposnosring. "Notre difficulté consiste à leur faire comprendre que l’avenir de la culture est dans l’investissement, dans l’accès au crédit, dans l’écoute des projets, et non dans des coups de pouce sans lendemains, comme lorsqu’elles proposent de sponsoriser des événements". Le dramaturge estime cependant que les acteurs culturels ne sont pas du tout dans cette perspective : "Ils préfèrent tendre la main, et à chacun sa chance ! Emprunter pour créer, c’est prendre des risques, et ça ne leur parle pas. Ils cherchent à capter des fonds sans avoir à rendre des comptes. Sauf qu’une économie de la culture exige aussi de rendre des comptes", précise celui qui est persuadé que pour y parvenir, "il faut convaincre de chaque côté, ce qui n’est pas toujours évident». Force est de constater, en effet, que les acteurs culturels comoriens essaient toujours de se calquer sur le "modèle français" : "ils attendent tout de l’état, sans chercher à comprendre comment est né ce modèle de soutien public en faveur de la scène culturelle".


Ne faut-il pas changer d’approche et ne plus se contenter de tendre la main ? "Dans beaucoup de pays, la culture ne fonctionne que grâce au génie des partenaires économiques, qui en admettent, bien sûr, le potentiel. Récemment, le comédien Soumette Ahmed me vantait la manière dont fonctionne la scène indépendante au Burundi. Nous pourrions prendre exemple sur ce qui fonctionne dans ces pays, au lieu de rester à la merci d’un pouvoir ou d’un autre. Les acteurs défendront mieux leur indépendance, en fondant une véritable économie pour la culture. Il faut imaginer d’autres voies. A Ilatso, nous voulons y contribuer", assure Soeuf Elbadawi. On peut aussi penser que les institutions financières de la place s’étant habituées au seul modèle du sponsoring, le fait qu’une association s’invite sur le terrain du business culturel, les rend perplexes.

«On ne demande pas la lune !»

Certaines banques de la place qui, pourtant, donnent l’impression de développer des produits spécifiques en soutien, par exemple, aux petites et moyennes entreprises, semblent, également, très sceptiques. Cela alors que Ilatso ne demandait qu’à expérimenter, et surtout à inventer un modèle dans une économie encore inexistante. "On ne demande quand même pas la lune. Il s’agit, juste, de conjuguer l’avenir ensemble, d’inventer ce qui n’existe pas encore".


"Nous nous heurtons à des murs. Cela fera plus de quatre ans que nous discutons avec des représentants de certains crédits mutuels, sans parvenir à les décider. On a beau leur proposer d’expérimenter un modèle, ils ne semblent pas aussi disposés à nous ouvrir leurs portes, de sitôt. Pareil pour les banques. Elles ignorent sciemment la question. Ça ne les intéresse pas de soutenir la culture qui ne serait pas suffisamment «bancable», déplore Soeuf Elbadawi. A ce propos, on peut se demander si le rôle d’une banque est de miser seulement sur ce qui marche.

«Proposer une expertise»

En attendant, Ilatso travaille à créer un fonds de garantie à caractère privé en son sein. Pour accompagner des projets. "Nous sommes capables de produire des business-plan pour avancer dans un même langage. Ce que nous offrons à ces institutions, c’est une expertise sur la question, de manière à les aiguiller sur les bons projets".


Le fonds de garantie imaginé par Ilatso sera opérationnel à la fin de cette année 2024. Il accompagnera des projets pilotes, susceptibles de générer un plus grand mouvement, à l’échelle de l’archipel. "En gros, ils veulent qu’on développe notre économie sans eux, et ils viendront quand ils seront sûrs que ça fonctionne. Pourquoi demander à un acteur culturel de penser comme un banquier ? Si chacun jouait son rôle, cela suffirait". A Ilatso, on sait que cela n’empêchera personne de recourir au sponsoring, mais on est convaincu que cela rendra effectif "le fait qu’un acteur culturel pourra toujours s’offrir un horizon de développement avec un «business-plan» et des contraintes réalistes, en rapport avec son public potentiel"

 

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